Foxcatcher

Foxcatcher : Affiche

de Bennett Miller

Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo

4/5

1987. ça fait 3 ans que les frères Schultz ont remporté leurs médailles d’or olympiques à la lutte gréco romaine. L’ainé, David, est marié et père de famille. Il entraine son jeune frère en vue des championnats du monde. Mark est alors contacté par John E Du Pont, un des hommes les plus riches des États Unis, qui lui propose de venir s’installer chez lui dans son grand domaine, afin qu’il puisse profiter des infrastructures qu’il a installé. Délaissé par la fédération officielle, complètement à sec, Mark accepte l’offre alléchante de monsieur Du Pont.

Foxcatcher : Photo Channing Tatum, Steve Carell

Foxcatcher baigne dans une atmosphère froide et sans joie, à la limite de la dépression. Mark et David, deux frères médaillés olympiques, vivent différemment l’après JO. L’un est marié, père de famille, content de sa vie, et se reconvertie en coach talentueux. Mark est célibataire, déprimé, seul, et passe ses journées à s’entrainer avec son frère, vivant dans une modestie limite, complètement délaissé par les officielles de son sport, il arrive à peine à subvenir à ses besoins.

Foxcatcher : Photo Channing Tatum, Mark Ruffalo

Foxcatcher, nous parle donc de beaucoup de choses, du sport de haut niveau, des sacrifices que ça implique, la solitude, Foxcatcher nous parle aussi des officielles de ce sport, qui ont quasiment abandonné les deux champions après leurs médailles, livrés à eux même, en particulier Mark, dont on sent la difficulté qu’il a eut de reprendre le quotidien.

Foxcatcher : Photo Channing Tatum, Mark Ruffalo

Le film nous parle aussi de ses deux frères, l’ainé qui a une vie plus stable, qui a su reporter son attention sur sa famille, ses enfants, et ne pas trop sentir le manque de la compétition, qui a su se reconvertir en coach talentueux, et Mark qui se sent perdu en dehors des compétitions, qui se sent perdu sans son frère, et qui voit dans l’offre de monsieur Du Pont, l’occasion de se démarquer de son frère ainé, et de remporter une médaille sans son soutien.

Foxcatcher : Photo Channing Tatum, Mark Ruffalo

Foxcatcher nous parle aussi de cet homme étrange et complexe, Du Pont, un homme extrêmement riche, puissant, enfermé dans son énorme domaine, autoritaire, qui sait impressionner par son dialogue, le jeune et naïf Mark. Au fil du film, on apprend à connaitre cet homme d’une cinquantaine d’année, qui s’avère en fait être un homme seul, écraser par le poids de sa mère qui n’approuve rien de son fils, qui ne l’a jamais respecté. Un homme qui a toujours rechercher l’approbation d’une mère passionner de chevaux, qui payait le fils du chauffeur pour qu’il soit l’ami de son fils quand il était petit.

Bennett Miller film Foxcatcher sombrement, pas une once de lumière, pas une once d’espoir, tout est sombre dans les humeurs, tout est assez dépressif. Du Pont est parfois pathétique, ridicule, un petit enfant pourri gâté, qui s’invente des problèmes et des psychoses pour faire face à un vide et un ennui profond, sans parler d’un isolement totale qui rendrait dépressif n’importe qui. Le casting reste incroyable, le point fort du film, avec un Channing Tatum méconnaissable, Mark Ruffalo en sage zen, et Steve Carrell en héritier despotique. Rien que pour les performances de ces trois acteurs, le film vaut la peine d’être vue, plus un sujet parfaitement traité et intéressant, à voir sans se renseigner sur la vie de ces personnages qui ont véritablement existé, ce serait se gâcher la fin du film!

A most violent year

A Most Violent Year : Affiche

de JC Chandor

Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks

4/5

1981, à New York, la ville connait des taux records de criminalité. Abel Morales vit le rêve américain. Il a construit seul et en partant de rien une entreprise prospère de vente de fuel domestique. Marié à Anna qui s’occupe des comptes, et père de deux fillettes, Abel est fier de pouvoir dire qu’il en est arrivé là en restant sur le droit chemin, sans jamais enfreindre la loi. Il décide de passer un marché très dangereux sur le plan financier, pour acquérir un terrain très important pour la suite de sa carrière, mais il a un mois seulement pour finaliser la vente sans quoi il perd tout. Alors qu’il vit le mois le plus stressant de sa carrière, le procureur lui tombe dessus, sa banque le lâche, et les chauffeurs de ses camions sont constamment pris pour cible et tabassés. Tout ça durant l’année la plus violente de l’histoire moderne de New York.

A Most Violent Year : Photo Jessica Chastain, Oscar Isaac

L’histoire d’Abel qui partit de rien à fondé une entreprise prospère. Et pour évoluer, pour aller de l’avant, pour ne pas rester sur place, stagner et donc forcément régresser et tout perdre, Abel prend des risques, Abel s’attire la jalousie de ses concurrents.

On plonge tout de suite dans le quotidien de cet entrepreneur new yorkais, partit de rien et à deux doigts de devenir riche et puissant ou tout perdre en quelques jours. On sent la tension parcourir le film du début jusqu’à la dernière seconde, on tremble pour Abel, on a envie de le voir réussir, on a peur de voir le film sombrer dans les clichés du mélo drame, où les personnages principaux vont forcément vivre des drames hors normes.

A most violent year nous plonge dans le New York des années 80; les permanentes gominées, les longs manteaux de cachemire aux épaulettes larges, les grosses berlines démesurées, les bijoux en or grossiers. On vit aussi avec Abel tout ses ennuis, on se sent acculé contre le mur tout comme lui, au fur et à mesure que s’accumule les obstacles et les ennuis: le procureur qui veut le poursuivre, les comptes financiers qui doivent être vérifiés, les concurrents qui sabotent son travail, qui tabassent les conducteurs de ses camions de fioul, le syndicat des chauffeurs qui met la pression pour que les conducteurs roulent armés…On a envie d’abandonner la lutte, on se demande comment Abel et sa femme Anna vont finir…

Certaines scènes sont vraiment impressionnantes, la course poursuite à pied et ensuite en métro entre Abel et un saboteur, ou encore la fuite de Jullian, un conducteur trop souvent pris pour cible, qui fuit sur le pont entre les voitures stoppés par les embouteillages, ou encore les personnages qui admirent la vue depuis l’entrepôt, qui donne sur Manhattan, les pieds dans la poudreuse. Entre deux attaques, entre Abel qui tente de survivre dans le monde des affaires sans avoir recours aux magouilles, on nous présente un New York qui ne fait pas envie. La radio crache sans cesse les faits divers de violences qui secoue la ville quotidiennement, les fusillades dans les écoles, les policiers pris pour cible, les cambriolages, viols, vols, meurtres, les rues délabrées, les métro couverts de tags…c’est pire que Gotham dans ses pires heures!

J’ai adoré les personnages aussi, Abel, entêté, qui ne veut faire appel à aucune option qui le ferait sortir du droit chemin malgré l’enjeu énorme pour lui et sa famille, ni armer les chauffeurs, ni faire appel à la famille mafieuse de sa femme. J’ai aussi adoré Anna, la femme d’Abel, très loin de l’épouse qui reste à la maison avec les enfants, et qui tremble en attendant la suite de l’histoire. Fonceuse, maline, elle a un sang froid infaillible, prenant des initiatives pour pallier le manque de réaction de son mari, elle n’hésite pas dans les décisions qu’elle prend, un personnage féminin très intéressant.

En bref, un très bon film, un suspens haletant, une tension palpable, des personnages têtues, ambitieux, déterminés, aux valeurs qui ne laissent place à aucun compromis. Le tout filmé dans un New York perturbé, qui connait un taux de criminalité qui frôle des records. J’ai aussi beaucoup aimé la fin, loin de tout mélodrame exagéré, saupoudré d’un peu de cynisme, et de quelques notes d’humour nerveux. A ne pas manquer, Oscar Isaac confirme son talent de comédien et Jessica Chastain s’offre l’un de ses meilleurs rôles au cinéma.

Whiplash

Whiplash : Affiche

de Damien Chazelle

JK Simmons, Miles Teller, Paul Reiser

4/5

Andrew est étudiant en musique dans une des plus prestigieuse école de New York, et rêve de devenir le plus grand batteur de son époque. Timide, il manque de confiance en lui mais pas d’ambition. Un jour il est repéré un peu par hasard par le professeur Fletcher, le plus réputé et le plus exigeant de l’école. Commence alors une formation ambigue basée sur l’humiliation et l’intimidation, dans le but de pousser les musiciens débutants, au delà de leurs propres limites.

Whiplash : Photo J.K. Simmons, Miles Teller

Whiplash nous parle de musique, de jazz, de passion dévorante, d’ambition, de jalousie. L’histoire de ce jeune Andrew qui rêve de percer, de devenir le meilleur musicien de sa génération, le meilleur batteur. Le professeur Fletcher tant redouté le repère et pour Andrew c’est le signe qu’il attendait, le signe que sa vie commence, il sort alors d’une certaine léthargie, reprend confiance, demande à la fille qui lui plait de sortir avec lui, ne se démonte pas face aux humiliations, face aux manipulations psychologiques que lui inflige ce professeur.

Whiplash : Photo J.K. Simmons

J’ai tout de suite eut de la sympathie pour Andrew, dès les premières minutes on s’attache à lui, on a peur pour lui qu’il rate une opportunité, qu’il ne joue pas comme il faut, qu’il rate une note. On le voit se battre, s’entrainer jusqu’à ce faire saigner les doigts et les mains, on le voit ne pas se décourager face aux horreurs que peut lui lancer Fletcher. Je m’attendais à une relation prof/élève comme on en voit dans Professeur Hollande, ou Le cercle des poètes disparus, mais pas du tout. Ici, le professeur est à la limite de la psychopathie, toujours en train de pousser dans les limites ces élèves, jusqu’à en pousser certains au suicide. Son enseignement relève du harcèlement moral.

Whiplash : Photo J.K. Simmons, Miles Teller

Whiplash nous faire réfléchir sur la passion, quand cette dernière devient rage, plus rien au monde n’importe sauf celui d’exceller dans son art. Jusqu’où Andrew est prêt à aller pour devenir le meilleur? qu’est il prêt à supporter, à subir? Doit on forcément subir de lourdes épreuves, des drames, doit on forcément souffrir pour devenir l’un des meilleurs?

J’ai adoré le film, voir l’orchestre dans lequel Andrew joue sous les ordres du professeur Fletcher, les voir répéter, voir les trois batteurs choisis par Fletcher essayer de rivaliser afin d’être le seul élu du professeur Fletcher. J’ai adoré voir Andrew sombrer peu à peu face aux exigences de son professeur, le voir jamais lâcher, aussi bien sur le plan physique que moral. Moi qui ne suit pas fan de jazz, j’ai vraiment apprécié la musique du film, et j’ai adoré la fin, voir le professeur qui ne l’est plus et l’élève qui ne l’est plus, s’affronter sur scène, ne rien lâcher, ne pas se laisser humilier ou manipuler, s’affronter à travers la musique, et voir l’œil du professeur sourire, quand il voit son ancien élève arriver là où il voulait l’emmener, content pour lui même d’avoir fait d’un de ces élèves un vrai musicien de jazz, en le faisant aller au delà de ses propres limites, et surement pas pour Andrew, toujours dans cet optique égoïste.

En bref, un excellent film sur le jazz, la passion, le dépassement de soi, le prix à payer. Le tout avec deux excellents acteur, Miles Teller que je ne connaissais (vu seulement dans Divergente) et l’excellent JK Simmons, parfait dans ce rôle de prof mégalo qui frôle l’état de psychopathe.

Le temps des aveux

Le Temps des aveux : Affiche

de Régis Wargnier

Raphael Personnaz, Olivier Gourmet, Kompheak Phoeung

3/5

Au début des années 70, François Bizot s’intéresse beaucoup dans le cadre de son travail à l’histoire du Cambodge, et visite des temples bouddhiques. Marié à une cambodgienne et père d’une petite fille, il est complètement intégré aux villageois de son village. Il se fait arrêté sur la route en compagnie de deux assistants, par les khmers rouges, et emprisonné de manière arbitraire dans un camp. Plusieurs mois passent durant lesquels François Bizot sera détenu dans des conditions extrêmes jusqu’à ce que le directeur du camp, Douch, convaincu par son innocence, convaincra les autorité à le remettre en liberté.

Le Temps des aveux : Photo Raphaël Personnaz

C’est d’abord le sujet qui m’a donné envie de voir le film, qui m’a rappelé un film sur le même sujet, coup de cœur que j’avais plus qu’adoré, La déchirure de Roland Joffé, un film poignant, fort, admirablement joué et tiré d’une histoire vraie. Le temps des aveux est hélas à des milliers de kilomètres de La déchirure.

Le Temps des aveux : Photo Raphaël Personnaz

L’histoire aurait pu être intéressante, ça aurait pu être une fresque romanesque, qui aurait emporté le spectateur dans d’autres sphères, il y avait tout les ingrédients pour cela, une histoire dramatique, un face à face tendu et ambigu entre le tortionnaire et son prisonnier, une histoire d’amour (voir deux) contrariée, un pays dans la déchéance, des paysages époustouflants, et j’en passe.

Le Temps des aveux : Photo

Mais ici rien, le gros défaut du film, c’est une froideur indifférente. On passe en quelques secondes sur la vie d’avant son arrestation du héros de l’histoire, il est impliqué dans la société cambodgienne, il se marie avec une fille du coin, il a une fille, il parcourt les sites historiques de la campagne cambodgienne, bref, on ne se rend pas compte de sa vie, de son quotidien, de sa personnalité. Qui est François Bizot, quelle est sa vie, quel est son caractère, quel est son quotidien? on n’en sait rien, le réalisateur s’en fout, et nous spectateur, on n’a pas du tout le temps ou les éléments pour s’attacher à lui, sa femme ou sa fille, avant qu’il ne se fasse arrêter et conduit dans un camp de prisonnier tenu par les khmers rouges.

Cette erreur de début de film ne permettra jamais aux spectateurs de ressentir quoique ce soit durant le film. C’est froid, aseptisé, on ne ressent rien, on se fout complétement de ce qu’il va arriver aux personnages, surtout que les premières minutes du film se passe 20 ans plus tard, et on voit que la petite famille Bizot est bien vivante. Le face à face avec le tortionnaire Douch est peu intéressant aussi. Raphael Personnaz joue froidement, est ce du aux directives du réalisateur je ne sais pas…son jeu est sans émotion ce qui renforce ce sentiment. Finalement, on a presque plus d’empathie pour Douch, mieux interprété.

Le seul personnage vraiment intéressant, c’est celui tenu par Olivier Gourmet, décidément un grand acteur. Même dans un film dénué de toute émotion et de toute empathie, il arrive à donné de l’intérêt à son personnage, celui du consul de France. Son rôle est secondaire, mais les scènes où il apparait sont justes et intéressantes, son personnage est finalement plus passionné et humain que celui de Bizot. Seule la scène du passage de la frontière thaïlandaise nous donne quelques sueurs froides.

La fin du film est à l’image de tout le reste. On repart 20 ans après les évènements, là où le film avait commencé, on ne sait pas vraiment ce qu’est devenu la femme de Bizot, leur relation après leur séparation, leurs vies entre la France et le Cambodge. On ne sait pas non plus ce que devient la jeune paysanne cambodgienne qui accompagnait la famille Bizot, même si on sait qu’elle survit à la guerre. Tout ça confirme le manque d’intérêt flagrant du réalisateur pour ses personnages. L’esthétique du film (sans parler le maquillage raté pour vieillir Personnaz, digne d’une série de seconde zone), la mise en scène, le jeu du héros, le manque d’empathie, tout ça me donne le sentiment d’avoir vu sur grand écran le genre de téléfilm que France 3 peut passer parfois le samedi soir. C ‘est dommage, car le sujet aurait pu donner un très beau flm. Si vous voulez voir un bon film qui parle de cette horrible période, mieux vaut voir ou revoir le magnifique film de Joffé, La déchirure.

Timbuktu

Timbuktu : Affiche

de Abderrahmane Sissako

Ibrahim Ahmed, Touulou Kiki, Layla Walet Mohamed, Abel Jafri, Ichem Yacoubi, Adel Mahmoud Cherif

3.5/5

aujourd’hui à Tombouctou, les extrémistes religieux ont pris le pouvoir et imposé à la population leurs lois. En ville, les brigades veille à ce que les règles soient appliquées, interdiction de chanter, interdiction de fumer, interdiction de jouer au foot. Les gardes passent leurs journées de manière nonchalante, à surveiller les habitants dans les ruelles de la ville, intransigeant sauf pour la « sorcière du coin », qui passe ses journées à marcher dans des tenues jugées indécentes et qui insulte en toute impunités les brigades religieuses. Kidane, est un éleveur de vaches, vit en paix avec sa femme Satima et leur fille Toya, sous leur tente loin de la ville. Tout bascule quand Amoudou le pêcheur tue l’une des vaches de Kidane, venue s’empêtrer dans ses filets de pêche.

Timbuktu : Photo

J’ai hésité avant d’aller voir le film, j’avais envie de rire un peu, et puis j’ai fait un petit effort, et au lieu d’aller voir les pingouins de Madagascar, je suis allée voir timbuktu.

J’ai tout de suite plongée dans le quotidien de ces habitants réglé et brimé par les règles de ces extrémistes religieux, interdisant de manière arbitraire, tous ce qui peut égayer une vie. J’ai aimé que le film ne tombe pas dans la violence spectacle, que le quotidien ne soit pas forcément marqué tout les jours par un acte de violence ou d’injustice. Certaines passages sont hypnotisant et intéressants à voir, comme la discussion entre les extrémistes et l’imam qui essaye tant bien que mal aux extrémistes leurs erreurs.

Timbuktu : Photo

Le film est court, mais pour autant, j’ai eu l’impression que le réalisateur n’a pas assez travaillé le scénario, car Timbuktu n’est pas un documentaire. ça part un peu dans tout les sens, c’est une succession de scénètes, plus ou moins réussi, certaines ayant une valeur artistique ou un intérêt particulier, comme la scènes où de jeunes garçons jouent au foot sans ballon, confisqué par les extrémistes, ou encore une femme fouettée sur la place publique pour avoir chantée chez elle.

Seule l’histoire de l’éleveur Kidane et sa famille, et le drame qui entrainera la destruction de leur vie calme, paisible, heureuse, entourée d’amour, détruite par un acte de violence absurde, causée par la mort d’une vache. J’ai eu beaucoup d’empathie pour cette famille, on s’attache beaucoup à ces trois personnages, qui sont au finale, les rares personnages qui sont vraiment développés.

Timbuktu nous montre l’absurdité des règles imposées par les extrémistes, les lois et les sanctions appliquées, sans tomber dans le misérabilisme, le mélo ou l’émotion exacerbée. Tout semble fait pour anéantir toute chose qui permet d’égayer le quotidien, de faire sourire ou de détendre les habitants. A travers les discussions entre les personnages, le réalisateur fait comprendre aux spectateurs l’absurdité, le non sens de ces règles de vie, qui ne sont même pas en osmose avec la religion. Malgré le contexte dure, le film ne manque pas de petites scènes qui apportent un peu d’humour. A voir pour son sujet très intéressant, pour voir la vie de ses habitants que l’on ne connait pas forcément, pour voir ces acteurs peu connu qui nous offrent de belles performances, même si sur le plan cinématographique le film n’est pas sans défaut.

Kill the messenger / Quand vient la nuit

Secret d’état : Affiche

Kill the messenger (secret d’état en français, mais ce titre ne colle vraiment pas au film je trouve)

de Micheal Cuesta

Jeremy Renner, Rosemarie Dewitt, Barry Pepper, Ray Liotta, Oliver Platt

3.5/5

Dans les années 90, Gary Webb, un journaliste travaillant pour un journal local de San diego, sans grand envergure, s’intéresse aux dealers de drogues présumés et les nouvelles lois qui permettent au gouvernement de saisir les biens de ces personnes avant même toutes condamnations. Il rencontre alors la fiancée d’un grand magnat de la drogue qui lui propose des preuves permettant de mettre en lumière l’implication du gouvernement us dans la vente de la drogue sur le sol américain. Il découvre alors que durant la guerre froide, afin d’éviter que des élections libres permettent de faire accéder au pouvoir des communistes, les États Unis auraient décidés de financer les rebelles grâce à l’argent récolter en vendant la cocaïne dans diverses grandes villes américaines.

Secret d’état : Photo

J’ai hésité à aller voir ce film, je ne savais pas trop à quoi m’attendre et le titre français me laissait croire qu’il s’agissait d’un film d’action / espionnage moyen et heureusement ce n’est pas du tout ça.

Le film est inspiré d’une histoire vraie, celle d’un journaliste de seconde zone qui s’intéresse aux dealers de drogues présumés, suites aux nouvelles lois qui permettent au gouvernement de saisir tout les biens des présumés coupables avant même tout procès. Il tombe alors sur des documents qui révèlent l’implication des Etats Unis dans le trafic de cocaïne. Dans la lutte anti communiste, le gouvernement a alors aidé les dealers d’amérique centrale à inonder le marché américain, utilisant l’argent récolter pour financer les anti communistes, et déclenchant une « épidémie de cocaïne » dans les quartiers pauvres des grandes villes US.

Secret d’état : Photo

Le film nous montre d’abord l’enquête du journaliste, ses contacts avec le procureur, certains dealers, son départ pour le nicaragua où il rencontre certaines personnes qui ont été impliqué dans ces opérations dirigées par la CIA. On suit Webb, son article, le soutien de sa rédaction, la pression du gouvernement pour le convaincre d’abandonner, puis la publication de son article qui fait un boucan énorme dans les médias et la politique, mais ce n’est que le début de l’enfer pour le pauvre webb, qui verra son travail et sa personne détruite par des médias en lien direct avec la CIA.

Secret d’état : Photo Jeremy Renner

Entre enquête journalistique, et portrait d’un homme ordinaire qui subira des pressions extraordinaires, le sujet du film est connu, mais l’histoire de Webb pas du tout. C’est très intéressant, tendu, nerveux, certaines scènes m’ont rappelé Révélation de Michael Mann (l’histoire d’un homme ordinaire qui dénonce de gros lobby du tabac et qui en subira les conséquences), même si le film n’est pas de la même trempe. Les acteurs sont tous très bons et convaincants, et le film dénonce parfaitement l’implication de la CIA dans l’arrivée massive de la drogue sur le sol américain mais aussi sur le manque de liberté et d’indépendance des médias, qui répondent de plus en plus aux lobbies et agences gouvernementales.

 

 

Quand vient la nuit : Affiche

de Michael Roskam

Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini

3/5

Bob, un homme simple qui réfléchit peu, travaille dans un bar à Brooklyn, auprès de son cousin Marv, le gérant. Tous les mois, des enveloppes pleines d’argent passent par ce bar et par beaucoup d’autres, afin de blanchir l’argent de la mafia locale. Finalement c’est leur bar qui est choisi par la maffia pour servir de « banque », pour la soirée du superbowl, soirée jackpot. ça fait réfléchir le cousin Marv. Quant à Bob il recueille un chiot maltraité et laisser pour mort dans une poubelle.

Quand vient la nuit : Photo James Gandolfini, Tom Hardy

Le film est au final surtout une longue attente. On découvre le bar, le cousin Marv, Bob, la jolie voisine un peut timide. On apprend à connaitre ce petit monde, chaque personnage, les décors, le quotidien du bar. On nous donne l’impression que le cousin Marrv est la tête pensante, le chef, que Bob est un idiot fini. Puis petit à petit on comprend qu’on fait fausse route, qu’on nous a trompé.

Quand vient la nuit : Photo Noomi Rapace, Tom Hardy

Tom Hardy en faux idiot du village, et James Ganolfini en faux patron blasé jouent à la perfection leur rôle. Du film se dégage une certaine ambiance, une certaine tension. On a pas peur de ce qui risque d’arriver aux personnages, mais on attend qu’il se passe un drame, on sent qu’il va y en avoir un. Mais au final, ce n’est pas vraiment le cas. Je m’attendais à découvrir que Bob soit une sorte de Kaizer Soze, mais ce n’est pas tout à fait le cas.

Quand vient la nuit : Photo

En bref, un film noir, aux personnages étranges, possédés par leur passé, hanté par leurs erreurs, qui sont parfois surprenants. Le film reste un tantinet longuet, et à tendance à endormir le spectateur par son manque de rebondissement, avant une scène finale, plus réussi que le reste.

Le hobbit, la bataille des cinq armée

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Affiche

de Peter Jackson

Martin Freeman, Richard Armitage, Ian McKellen, Lee Pace, Evangeline Lily, Orlando Bloom, Luke Evans, Cate Blanchett

4/5

Suite et fin des aventures de Bilbo et de la compagnie des nains, partie pour le mont solitaire, reprendre leur trésor. Les nains sont enfin de retour dans leur royaume perdue  et n’ont aucune envie de le partager avec d’autre. Smaug, réveiller par l’arrivée des nains, détruits Lacville, laissant les humains sans toits ni refuge. La nouvelle que la montagne est enfin débarrassée de Smaug se répand très vite, et bientot, tout le monde convoite de reprendre la montagne aux nains.

Je n’ai pas pu attendre le week end pour voir le dernier volet des aventures de Bilbo. 2H24, le film ne dure pas aussi longtemps que les volets du seigneur des anneaux, il faut dire que ce film là ne contient pas vraiment de nouveaux aspects ou éléments, c’est plutôt le prolongement du second film, la coupure entre les deux est finalement assez brutale, presque comme si une coupure pub avait surgi de nulle part, et on le ressent en voyant le début du 3e film.

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Ian McKellen

On se retrouve donc avec Smaug le dragon, pas du tout content d’avoir été réveillé, et de voir des nains essayer de voler son or. Il s’envole vers Lacville pour punir les habitants de la cité et détruit tout sur son passage. Bard essaye de retrouver ses enfants pour les mettre à l’abri, alors que les nains et Bilbo se retrouvent tous dans la montagne solitaire. Sous les ordres d’un Thorin obsédé par son statut de roi retrouvé, les nains sont dans l’obligation de rechercher coute que coute l’Arkenstone parmi les nombreux trésors enfoui sous la montagne.

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Luke Evans

J’avoue que j’ai un peu moins d’enthousiasme à aller voir les adaptations de Peter Jackson par rapport au seigneur des anneaux, j’ai trouvé son idée de faire de bilbo en trois films, bonne et mauvaise à la fois. Mauvaise, parce que l’histoire de Bilbo est noyée, que les histoires parallèles sont multiples, que l’adaptation pure du roman aurait très bien pu tenir en un long métrage, que certaines libertés prises par le réalisateur ne m’ont pas particulièrement plut. Bonne idée aussi, parce que, quand on est fan de Tolkien et de son univers, on est bien content de pouvoir voir en images certaines histoires des Appendices, certaines des légendes racontées dans certains chapitres secondaires.

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Hugo Weaving

Comme pour les deux volets précédents, on retrouve la mise en scène de Peter Jackson, les magnifiques paysages de la Nouvelle Zélande, et certaines répétitions, ou parallélismes que le réalisateur fait avec le seigneur des anneaux. Dans les deux premiers films, j’avais été un peu agacé par certaines facilités que Peter Jackson prenait, des scènes accompagnés de musiques qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau à certaines scènes de la trilogie LOTR. Certains personnages aussi, avec des personnalités copiées sur celles de certains personnages de la trilogie, ce qui me laissait un arrière gout de réchauffé.

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Richard Armitage

Dans ce volet, Peter Jackson s’est enfin détaché de ce parallélisme, de ce réchauffé. Les personnages ont leurs personnalités propres, Bilbo n’est pas aussi naïf que Frodon, Thorin se détache de Aragorn dans son rôle de roi déchu. Les personnages sont donc mieux travaillés, plus intéressants, plus ambigus. J’ai adoré voir Thorin sombrer dans la folie, dans la soif d’or et de trésor, obsédé par son statut de roi. J’ai adoré voir Bilbo plein d’astuce, malin et intelligent, son amitié avec Thorin est toujours passionnante. Gandalf the grey n’est pas sans reproche, il fait quelques erreurs, se laisse un peu berner, mais voit toujours plus loin que le bout de son nez quand même!

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Evangeline Lilly, Orlando Bloom

Par contre, le film manque un peu d’humour, il se rattrape un peu vers la fin, mais pas suffisamment. Heureusement que le personnage grotesque d’Alfrid apporte un peu de recul et d’humour à une histoire parfois sombre. Je n’étais pas sur d’accrocher avec Alfrid, un peu trop grotesque, un peu too much, mais au final, j’ai apprécié ce personnage qui ne fait que recherché son intérêt, qui marcherait sur un nouveau né pour éviter un danger, mais qui apporte quand même un peu d’humour et de légèreté.

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Martin Freeman

Je n’ai pas du tout adhérer à l’histoire d’amour entre Kili et l’elfe Tauriel. Je trouvais la romance ridicule et peu crédible dans le second volet, je l’avais un peu oublié, et je n’arrive toujours pas à y croire, bref, ça prend pas! Heureusement ici, leur histoire est reléguée au second plan, cependant, c’est bien dommage SPOILER: de ne pas avoir vu Tauriel mourir de chagrin à la mort de Kili, vu que le cœur brisé est l’une des rares causes de mort d’un elfe, il aurait été intéressant d’aller jusqu’au bout, d’autant qu’on ne voit pas vraiment ce qu’il advient de son personnage (je suppose qu’on le saura dans la version longue). FIN SPOILER.

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo

J’ai adoré voir Galadriel, Elrond et Gandalf joués ensemble dans une scène qui permet de faire le lien avec Le seigneur des anneaux, la menace grandit. J’ai aussi adoré en apprendre plus sur Legolas et surtout son père Thranduil, qu’on ne voit que trop peu dans le film précédent. J’ai beaucoup plus apprécié ce personnage et ses paroles qu’il a pour Legolas à la fin, en l’envoyant voir un certain « grand pas », chez les dunedains!

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées : Photo Lee Pace

En bref, une replongée dans l’univers de Tolkien/Jackson toujours aussi réussie même si j’ai été beaucoup moins enthousiaste que pour la trilogie de LOTR. J’ai trouvé cet épisode bien travaillé, surtout sur les personnages et leurs personnalités, leurs défauts, leurs faiblesses, j’ai trouvé ce film beaucoup plus indépendant et inédit que les deux volets précédents, trop influencés par certaines scènes du Seigneur, même si il existe toujours quelques scènes réchauffées (la bataille ressemble à celle de fort le cor, Alfrid ressemble un peu à grima langue de serpent, même si il prend son envol et s’en éloigne). Les batailles et scènes de combat sont très réussie, le duel entre Azog et Thorin sur un lac gelé est excellente, magnifique duel! On termine par un jolie lien entre le Bilbo de The hobbit et Bilbo de La communauté de l’anneau. J’attends avec impatience maintenant la version longue de cette trilogie, qui j’en suis plus que sur, me satisfera beaucoup plus que la version cinéma.

Calvary

Calvary : Affiche

de John Michael McDonagh

Brendan Gleeson, Kelly Reilly, Chris O’Dowd, Aiden Gillen, Isaach de Bankolé, M Emmett Walsh

4/5

Le père James, prêtre dans un petit village de l’Irlande de l’ouest, voit son dimanche perturbé par la confession d’un villageois qui lui dis avoir été victime d’un prêtre pédophile durant toute son enfance. Il déclare qu’il assassinera le père James le dimanche suivant pour marquer le coup, tuer un prêtre innocent et sans histoire lui semble plus frappant que d’assassiner un prêtre coupable. Le père James sait bien sur de qui il s’agit, mais continue sa vie normalement, il essaye d’aider ses paroissiens dans leurs difficultés quotidiennes, adultère, solitude, idées de suicide, perte d’un proche, et puis la visite de sa fille  (devenue prêtre après la mort de sa femme), qui a essayé de se suicider et qui vient rendre visite à son père. Doit il prendre au sérieux la déclaration d’un homme qu’il croise tous les jours?

Calvary : Photo Aidan Gillen, Killian Scott

L’Irlande de l’ouest, la mer déchainée, le soleil qui ne semble pas réchauffer les os, le vent incessant, les décors grandioses, les collines verdoyantes, visuellement on est tout de suite enchanté par la beauté de l’Irlande. J’ai adoré Calvary, j’ai adoré arpenter les rues de ce petit village côtier au coté du père James, un prêtre pas du tout conventionnel.

Calvary : Photo Brendan Gleeson, Kelly Reilly

Autrefois marié, père d’une jeune femme déprimée, il est entré dans les ordres suite à la mort de sa femme, ce qui fait de lui un prêtre avec de l’expérience, l’expérience de la vie, de la mort, de la perte. Je ne me suis pas ennuyée une seconde à voir le père James parler sans concession, d’un ton franc et direct, à ses paroissiens, à essayer de régler leurs problèmes, à essayer de prendre part à la vie des habitants de son village.

Calvary : Photo Brendan Gleeson

Le père James est donc un personnage attachant et très intéressant, qui parle sans détour. Il faut dire que Brendan Gleeson est un excellent acteur et qu’il signe encore une fois une sacrée prestation, il a une véritable présence à l’écran. La brochette de personnages secondaires est elle aussi très intéressante, entre Milo, un jeune en mal d’amour ou de but dans la vie, Veronica et Jack un couple marié qui se sent mieux depuis que chacun va voir ailleurs, Frank un médecin on ne peut plus cynique, Micheal Fitzgerald un riche propriétaire terrien désœuvré, son prêtre collègue qui a une crise de foi ou encore un vieil écrivain reclus qui attend la mort avec impatience.

Calvary : Photo Brendan Gleeson, David Wilmot

Le film se déroule sur une semaine, du dimanche au dimanche, et à chaque jour, sa violence, ses rencontres, la visite de sa fille suicidaire, la crise de foi de son collègue, l’incendie criminelle de son église, ses promenades sur la plage sauvage. Calvary nous parle de la vie, de son intérêt, de ses déceptions, de la perte. Si le sujet est plutôt déprimant à la base, le film regorge de scènettes comiques, de moments drôles, de réparties cyniques qui ont fait rire la salle, un humour noir, cynique, et qui fonctionnait à merveille, détendant l’atmosphère, du coup le film n’a rien de lourd, de plombant ou de déprimant.

Calvary : Photo Brendan Gleeson, M. Emmet Walsh

En bonus film magnifiquement interprété, par d’excellents acteurs, de l’acteur principale au moindre petit rôles secondaires, Brendan Gleeson bien sur mais aussi M Emmett Walsh ou encore Aiden Gillen (littlefinger dans game of throne). Très bonne surprise!

Night call

Night Call : Affiche

 

 

 

 

 

 

 

 

de Dan Gilroy

Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed

4/5

Lou Bloom est un marginal, qui vit en volant des matériaux ou des objets, qu’il revend au plus offrant. Un jour sa route croise celle d’un accident de voiture. Policiers, feu, adrénaline, et un caméraman qui filme les détails les plus trash. Lou a trouvé sa vocation, parcourir les rues de Los Angeles en écoutant le scanner de la police, pour pouvoir arriver sur les lieux des accidents ou autre crimes et filmer les détails « croustillants », qu’il revend aux chaines télé. Petit à petit il apprend les règles du milieu, à la recherche des scènes de crimes les plus spectaculaires qu’il puisse trouver.

Night Call : Photo Jake Gyllenhaal

Night call nous plonge dans le monde de la nuit, des crimes, des accidents de la route, des fusillades, dans le monde des JT des chaines locales, dans le monde des vidéastes freelance, à la poursuite d’images sensationnelles, toujours plus trash, filmer par des êtres qui ont perdu toute sensibilité, ne pensant qu’à filmer le malheur et la souffrance d’autrui pour le compte du plus offrant.

Night Call : Photo Jake Gyllenhaal

Lou Bloom tombe dans ce monde de requins complètement par hasard, et il découvre sa vocation. Jake Gyllenhaal porte le film sur ses épaules, il est tout simplement magistrale. Glauque, sournois, froid comme la glace, et surtout malsain, personne ne peut éprouver la moindre sympathie pour ce personnage aux yeux constamment exorbités qui aime s’entendre parler et qui adore se sentir intelligent et professionnel même quand il ne l’est pas. Lou Bloom n’aime pas l’échec, et même si son boulot est bien dégueulasse, il le fait à la perfection et ne tarde pas à en devenir le maitre et à dépasser les limites de la loi et de la morale.

Night Call : Photo Jake Gyllenhaal

Le film reste parfois un peu lent, un peu lourd, mais reste toujours tendu, sur le fil comme son personnage principal qui mord un os en voyant pour la première fois un caméraman freelance filmer un accident de la route, et ne lâchera plus l’os qu’il ronge, jusqu’à la moelle. Lou Bloom fait froid dans le dos, malsain jusqu’à l’os.

Night Call : Photo Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed

Si le personnage de Lou Bloom est très réussi notamment grâce à la performance de Jake Gyllenhaal, ça ne suffit pas non plu pour faire de Night call (Night crawler, en vo, plus parlant) le film de l’année. Intéressant, bien filmé, très bien interprété, il reste tout de même quelques longueurs. La fin élève le film à un niveau supérieur, avec son cynisme affiché, sans compromis.

 

L’oranais

 

L'Oranais : Affiche

de Lyes Salem

4/5

Lyes Salem, Khaled Benaissa, Djemel Barek, Hamal Khateb, Nabil Oudghiri, Sabrina Ouazani

Au début de la guerre d’indépendance algérienne, Djaffar est impliqué malgré lui dans des faits de résistance à cause de Hamid, son meilleur ami, qui l’embarque dans ses aventures sans rien lui dire. Les deux amis sont désormais grillés. Le chef de la cellule de Hamid oblige ce dernier à partir à l’étranger, plaider leur cause auprès des nations étrangères, tantis que Djaffar est envoyé dans les maquis. Durant cinq ans, Djaffar devient une légende, appelé l’oranais, ou le commandant, grâce à ses fait d’armes. De retour dans son village après l’indépendance, accueilli en héros, il découvre alors la triste vérité. Sa femme, Yasmine, est morte quelques mois après son départ. Violée par un français, elle donne naissance à un fils avant de se laisser mourir de désespoir. Difficile alors pour Djaffar de fêter l’indépendance. Quelques mois plus tard, il retrouve Hamid, marié à une américaine, et rentre dans les affaires et la politique à ses cotés.

De Lyes Salem, j’ai beaucoup aimé le film Mascarade, une comédie hilarante et joliment faite. ça remonte à quelques années mainenant, et j’ai été bien contente d’apprendre qu’il sortait enfin un autre film.

On est loin de la légèreté et l’humour de Mascarade. Dans L’oranais, on nous parle de l’indépendance de l’Algérie. La guerre pour l’obtenir n’est raconté que de manière anecdotique au début du film, ce n’est pas le sujet. Le film se passe surtout dans les premières années de l’indépendance, mais si L’oranais nous parle d’un pays en pleine construction, c’est surtout un film sur l’amitié, les pouvoirs de l’amitié, mais aussi ses limites.

Après l’indépendance, les algériens sont trop heureux pour se soucier du futur, ils fêtent leur libération encore et encore. Djaffar revient dans son village en héros, acclamé par la foule, mais il déchante vite quand il découvre que durant les cinq années passées dans les maquis, personne n’a oser lui avouer la vérité sur sa femme, qui fut violer par un français et qui a mis au monde un petit garçon avant de se laisser mourir de désespoir. Pour lui la fête est finie, il doit faire son deuil et réfléchir à ce qu’il va faire de ce petit garçon de cinq ans, élevé par sa sœur. Il retrouve aussi ses deux meilleurs amis, Farid qui a subit des tortures et qui s’en ai sortie et hamid, qui revient en homme poltique qui a su tisser de nombreuses relations internationales, et qui est nouvellement marié à une américaine.

J’ai adoré l’oranais, voir l’évolution de ces jeunes hommes, certains dévoré par l’ambition et grisé par le pouvoir,  certains aspirant qu’à une vie prospère et calme, et d’autre qui pense encore comme un idéaliste et espère le meilleur pour son pays. Trois amis qui s’adorent mais qui vont se retrouver éloignés les uns des autres par des ambitions et des priorités différentes. On passe de la joie de la libération, à l’âge d’or des années 60 et 70 avant de sombrer dans les dificiles années 80.

Le film passe très vite, même certaines scènes que j’ai trouvé en trop (la pièce de théâtre qui retrace la vie de Djaffar le héros) n’ennuie pas une seconde, on suit les trois amis dans leurs vies, on les voit passé par tout les sentiments, le rire, la joie, la fête, la déception, la déprime, la trahison. Les acteurs sont tous magnifiques, à commencer par Lyes Salem qui joue si bien le rôle de Djaffar, un homme bon vivant, de nature joyeuse, très loyale, mais quelque peu naïf. J’ai beaucoup aimé aussi Amal Kateb, qui joue Halima, la sœur de Djaffar ou Djamel Barek qui joue un ancien résistant et qui est resté fidèle à Djaffar depuis leurs envois dans les maquis.

Un film prenant donc, parfaitement interprété, qui nous fait passer par beaucoup d’émotion, le rire, et les larmes. J’espère revoir Lyes Salem très vite à l’écran.