Voici ma dernière chronique cinéma pour 2021. En réalité il me manque un film à voir, Belle de Mamoru Hosada mais par manque de temps je sais que je ne l’aurai pas vu avant la fin de l’année, c’est à dire après demain.

de Asghar Farhadi
Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Fereshteh Sadre Orafaiy, Sarina Farhadi
4/5
Rahim Soltani, calligraphe et peintre, se retrouve en prison pour cause de dettes. Il a emprunter de l’argent à des usuriers pour monter une affaire. Mais après que son associé se soit enfui avec l’argent, les usuriers se sont retournés contre le garant de Rahim, Bahram son ex beau frère. Ne pouvant rembourser Bahram, Rahim est donc condamné à une peine de prison. Après trois ans, Rahim profite d’une permission pour essayer de convaincre Bahram de retirer sa plainte et le sortir ainsi de prison en échange de la moitié de sa dette. Rahim ou plutôt sa fiancée, a trouvé un sac abandonné contenant des pièces d’or. Mais au lieu de vendre les pièces pour payer son créancier, la conscience de Rahim l’en empêche et il décide plutôt de trouver le propriétaire du sac.

J’ai découvert ce réalisateur avec la sortie en France de A propos d’Elly et depuis j’ai vu presque tous ses films, La fête du feu, Les enfants de Belle ville, Le passé, et le plus célèbre Une séparation. Asghar Farhadi retrouve ses thèmes de prédilection, la justice, la place de l’argent dans la justice iranienne, une histoire mettant en scène des personnes qui jouent vraiment de mal chance.

C’est assez douloureux de suivre le parcours de cet homme trop honnête, qui joue de malchance un peu trop souvent. Plus il essaye de bien faire plus il s’enfonce. Entre les dirigeants de la prison qui tente d’exploiter son histoire pour redorer l’image du pénitencier, les médias qui demandent des interviews et certaines personnes qui utilisent le peu de pouvoir qu’ils ont pour emmerder leur monde et enfoncer ce pauvre Rahim, ce dernier n’a que peu de soutiens. Le film est prenant, Asghar Farhadi nous montre une nouvelle fois qu’il y a une justice pour les riches et une autre pour les plus pauvres. Les acteurs sont tous incroyables et les personnages loin d’être manichéens. Rahim n’est pas sans reproche dans l’histoire et si on a envie de blâmer son créancier Barham, qui pourrait d’un simple accord rendre sa vie à Rahim, au fur et à mesure on se met un peu plus à la place de Barham, de ses sacrifices et de sa déception. Un beau film sur la famille, l’injustice, la malchance, l’acceptation, avec d’excellents acteurs.

de Lana Wachowski
Keanu Reeves, Carrie Ann Moss, Jessica Henwick, Yahya Abdul Mateen, Johnathan Groff, Neil Patrick Harris
3,5/5
Après les évènements de la trilogie Matrix, Thomas Anderson n’est pas mort et ne se souviens de rien. Dans la matrice il est devenu célèbre en créant 20 ans plus tôt un jeu qui a révolutionné le domaine, baptisé Matrix, basé sur ce que Thomas pense être des hallucinations et autres rêves bizarres. Il est d’ailleurs suivi par un psychiatre. Il croise la route d’une jeune femme qui le reconnait, Neo l’élu. Elle décide de tout faire pour le sortir de la matrice.

J’ai adoré Matrix que j’ai vu au cinéma à l’époque, j’ai un peu moins aimé les deux suites bien qu’elles soient cohérentes et se laissent voir. Il en va de même pour cette suite, j’ai beaucoup aimé certaines choses, un peu moins d’autres, je l’ai trouvé sympa à regarder, j’ai aimé retrouver les personnages du premier film. J’ai trouvé l’histoire et l’évolution des personnages crédibles et cohérentes, mais impossible de retrouver le charme et le côté révolutionnaire du premier film.

Enfin comme je ne lui en demandait pas tant, j’ai bien apprécié cet opus. J’ai adoré voir Keanu Reeves reprendre son rôle de Neo, j’ai trouvé son évolution très crédible, tout comme celle de Trinity. J’ai en particulier aimé la première heure du film, la critique en seconde lecture de Hollywood, du cinéma américain, critiquant la mode de faire des suites et des reboot car ça fait belle lurette que le cinéma US est en berne, ayant perdu toute créativité ou évolution, préférant se vautrer dans la nostalgie sans sortir de sa zone de confort. Bien plus réconfortant de retrouver quelque chose qu’on connaît et qu’on aime, même si on sait que ce ne sera jamais aussi bien. Bien plus facile de rester dans la matrice même si on sait que ce n’est qu’illusion que d’avaler la pilule bleue, d’affronter la dure réalité et faire des efforts pour nous sortir de nouvelles choses!

La réalisatrice se permet aussi de faire une analogie entre ce 4e opus et sa propre histoire. Dans le film Neo se voit forcer par les producteurs de faire un 4e volet du jeu Matrix, plutôt que de se lancer dans un nouveau jeu, tout comme warner bros qui a dit à Lana Wachowski que le 4e matrix se fera avec ou sans elle.

J’ai par contre trouvé certaines scènes d’action un peu trop longues, on finit par se lasser, le film aurait gagner à être un peu plus court. Évidemment on prend plaisir à regarder certaines scènes d’action sur la fin. Si j’ai apprécié et trouvé logique l’évolution du personnage de l’agent Smith (même si Hugo Weaving manque dans ce rôle), j’ai moins aimé le personnage de Morpheus, qui n’a rien du Morpheus de la première trilogie, personnalité complètement différente. Laurence Fishburne était géniale dans ce rôle et manque cruellement dans ce film, c’est dommage. J’ai beaucoup aimé le recul que la réalisatrice prend par rapport à son histoire et sa création et en même temps cette façon de faire un parallèle entre la matrice et notre société.

de Paul Schraeder
Oscar Isaacs, Tye Sheridan, Tiffany Haddish, Willem Dafoe
4/5
William Tell, ancien militaire qui vient de passer 8 ans en prison, parcours les casinos du pays pour jouer aux cartes, black jack, poker, roulette. En prison il a eu le temps d’apprendre les probabilités et il joue ce qu’il faut pour gagner ce qu’il faut. Il croise un jour la route de Cirk, jeune homme qui n’a qu’un but, se venger d’un certain Gordo, ancien gradé de l’armée, qu’il considère comme étant le responsable du suicide de son père. William connaît lui aussi Gordo. Il propose à Cirk de le suivre sur la route quelque temps.

Voilà le dernier film de l’année. J’adore Oscar Isaacs que j’ai connu dans le Che, Mensonges d’état et surtout Agora, le film dans lequel je l’ai vraiment remarqué pour la première fois. Le film se voit et se suit au travers du personnage qu’il incarne, William, ancien soldat qui passa quelques temps comme pro de la torture dans une prison clandestine quelque part au moyen orient. Sous les ordres de Gordo, William a sévit. Il fut condamné à 8 ans de prison lui et certains soldats qui furent identifiés, mais bien sur Gordo, le donneur d’ordre, ne fut jamais inquiété. William le retrouve par hasard, comme consultant privé, gagnant très bien sa vie, à l’abri de toutes poursuites.

J’ai adoré le film, les personnages sont tous intéressants, bien développés, complexes. William est bien sur le plus intéressant, ces années en prison l’ont modelé, il a eu le temps de réfléchir, s’instruire et apprendre les probabilités et les cartes. J’ai beaucoup aimé regarder the card counter, suivre Will, sa rencontre avec le jeune Cirk obsédé par la vengeance, sa relation ambiguë avec la jolie La Linda, qui travaille pour des investisseurs dont le but est de sponsoriser des joueurs de poker.

The card counter nous plonge dans le monde des jeux de cartes et de hasard, avec les analyses fines de Will sur le poker, le black jack ou la roulette et j’ai trouvé ça vraiment très intéressant à suivre. J’ai beaucoup aimé la mise en scène aussi, c’est bien réalisé, Paul Schraeder apporte un style bien particulier qui donne un côté à l’ancienne au film, j’ai eu l’impression de voir un film des années 90, en tout cas d’une autre époque et c’était bien agréable.
De belles images, de très bons personnages, une histoire prenante, un sujet intéressant et des acteurs au top, en particulier Oscar Isaacs bien sur et mention spéciale à Tiffany Haddish, hypnotisante dans le rôle de La Linda