Dernières séances: Un héros – Matrix ressurection – The card counter

Voici ma dernière chronique cinéma pour 2021. En réalité il me manque un film à voir, Belle de Mamoru Hosada mais par manque de temps je sais que je ne l’aurai pas vu avant la fin de l’année, c’est à dire après demain.

Un héros - film 2021 - AlloCiné

de Asghar Farhadi

Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Fereshteh Sadre Orafaiy, Sarina Farhadi

4/5

Rahim Soltani, calligraphe et peintre, se retrouve en prison pour cause de dettes. Il a emprunter de l’argent à des usuriers pour monter une affaire. Mais après que son associé se soit enfui avec l’argent, les usuriers se sont retournés contre le garant de Rahim, Bahram son ex beau frère. Ne pouvant rembourser Bahram, Rahim est donc condamné à une peine de prison. Après trois ans, Rahim profite d’une permission pour essayer de convaincre Bahram de retirer sa plainte et le sortir ainsi de prison en échange de la moitié de sa dette. Rahim ou plutôt sa fiancée, a trouvé un sac abandonné contenant des pièces d’or. Mais au lieu de vendre les pièces pour payer son créancier, la conscience de Rahim l’en empêche et il décide plutôt de trouver le propriétaire du sac.

Un héros » : une fable philosophique sur la vérité et le mensonge

J’ai découvert ce réalisateur avec la sortie en France de A propos d’Elly et depuis j’ai vu presque tous ses films, La fête du feu, Les enfants de Belle ville, Le passé, et le plus célèbre Une séparation. Asghar Farhadi retrouve ses thèmes de prédilection, la justice, la place de l’argent dans la justice iranienne, une histoire mettant en scène des personnes qui jouent vraiment de mal chance.

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C’est assez douloureux de suivre le parcours de cet homme trop honnête, qui joue de malchance un peu trop souvent. Plus il essaye de bien faire plus il s’enfonce. Entre les dirigeants de la prison qui tente d’exploiter son histoire pour redorer l’image du pénitencier, les médias qui demandent des interviews et certaines personnes qui utilisent le peu de pouvoir qu’ils ont pour emmerder leur monde et enfoncer ce pauvre Rahim, ce dernier n’a que peu de soutiens. Le film est prenant, Asghar Farhadi nous montre une nouvelle fois qu’il y a une justice pour les riches et une autre pour les plus pauvres. Les acteurs sont tous incroyables et les personnages loin d’être manichéens. Rahim n’est pas sans reproche dans l’histoire et si on a envie de blâmer son créancier Barham, qui pourrait d’un simple accord rendre sa vie à Rahim, au fur et à mesure on se met un peu plus à la place de Barham, de ses sacrifices et de sa déception. Un beau film sur la famille, l’injustice, la malchance, l’acceptation, avec d’excellents acteurs.

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de Lana Wachowski

Keanu Reeves, Carrie Ann Moss, Jessica Henwick, Yahya Abdul Mateen, Johnathan Groff, Neil Patrick Harris

3,5/5

Après les évènements de la trilogie Matrix, Thomas Anderson n’est pas mort et ne se souviens de rien. Dans la matrice il est devenu célèbre en créant 20 ans plus tôt un jeu qui a révolutionné le domaine, baptisé Matrix, basé sur ce que Thomas pense être des hallucinations et autres rêves bizarres. Il est d’ailleurs suivi par un psychiatre. Il croise la route d’une jeune femme qui le reconnait, Neo l’élu. Elle décide de tout faire pour le sortir de la matrice.

Matrix Resurrections | Kinepolis France

J’ai adoré Matrix que j’ai vu au cinéma à l’époque, j’ai un peu moins aimé les deux suites bien qu’elles soient cohérentes et se laissent voir. Il en va de même pour cette suite, j’ai beaucoup aimé certaines choses, un peu moins d’autres, je l’ai trouvé sympa à regarder, j’ai aimé retrouver les personnages du premier film. J’ai trouvé l’histoire et l’évolution des personnages crédibles et cohérentes, mais impossible de retrouver le charme et le côté révolutionnaire du premier film.

The Matrix Resurrections Star Discusses a Possible Bugs Spinoff

Enfin comme je ne lui en demandait pas tant, j’ai bien apprécié cet opus. J’ai adoré voir Keanu Reeves reprendre son rôle de Neo, j’ai trouvé son évolution très crédible, tout comme celle de Trinity. J’ai en particulier aimé la première heure du film, la critique en seconde lecture de Hollywood, du cinéma américain, critiquant la mode de faire des suites et des reboot car ça fait belle lurette que le cinéma US est en berne, ayant perdu toute créativité ou évolution, préférant se vautrer dans la nostalgie sans sortir de sa zone de confort. Bien plus réconfortant de retrouver quelque chose qu’on connaît et qu’on aime, même si on sait que ce ne sera jamais aussi bien. Bien plus facile de rester dans la matrice même si on sait que ce n’est qu’illusion que d’avaler la pilule bleue, d’affronter la dure réalité et faire des efforts pour nous sortir de nouvelles choses!

The Matrix Resurrections: l'histoire du film se dévoile un peu plus dans un  premier synopsis | Pèse sur start

La réalisatrice se permet aussi de faire une analogie entre ce 4e opus et sa propre histoire. Dans le film Neo se voit forcer par les producteurs de faire un 4e volet du jeu Matrix, plutôt que de se lancer dans un nouveau jeu, tout comme warner bros qui a dit à Lana Wachowski que le 4e matrix se fera avec ou sans elle.

The Matrix Resurrections: voyez Neo dans toute sa splendeur sur cette  nouvelle affiche | Pèse sur start

J’ai par contre trouvé certaines scènes d’action un peu trop longues, on finit par se lasser, le film aurait gagner à être un peu plus court. Évidemment on prend plaisir à regarder certaines scènes d’action sur la fin. Si j’ai apprécié et trouvé logique l’évolution du personnage de l’agent Smith (même si Hugo Weaving manque dans ce rôle), j’ai moins aimé le personnage de Morpheus, qui n’a rien du Morpheus de la première trilogie, personnalité complètement différente. Laurence Fishburne était géniale dans ce rôle et manque cruellement dans ce film, c’est dommage. J’ai beaucoup aimé le recul que la réalisatrice prend par rapport à son histoire et sa création et en même temps cette façon de faire un parallèle entre la matrice et notre société.

Critiques Presse pour le film The Card Counter - AlloCiné

de Paul Schraeder

Oscar Isaacs, Tye Sheridan, Tiffany Haddish, Willem Dafoe

4/5

William Tell, ancien militaire qui vient de passer 8 ans en prison, parcours les casinos du pays pour jouer aux cartes, black jack, poker, roulette. En prison il a eu le temps d’apprendre les probabilités et il joue ce qu’il faut pour gagner ce qu’il faut. Il croise un jour la route de Cirk, jeune homme qui n’a qu’un but, se venger d’un certain Gordo, ancien gradé de l’armée, qu’il considère comme étant le responsable du suicide de son père. William connaît lui aussi Gordo. Il propose à Cirk de le suivre sur la route quelque temps.

The Card Counter » : un samouraï sur le tapis vert

Voilà le dernier film de l’année. J’adore Oscar Isaacs que j’ai connu dans le Che, Mensonges d’état et surtout Agora, le film dans lequel je l’ai vraiment remarqué pour la première fois. Le film se voit et se suit au travers du personnage qu’il incarne, William, ancien soldat qui passa quelques temps comme pro de la torture dans une prison clandestine quelque part au moyen orient. Sous les ordres de Gordo, William a sévit. Il fut condamné à 8 ans de prison lui et certains soldats qui furent identifiés, mais bien sur Gordo, le donneur d’ordre, ne fut jamais inquiété. William le retrouve par hasard, comme consultant privé, gagnant très bien sa vie, à l’abri de toutes poursuites.

The Card Counter », « Tromperie », « Goodbye Mister Wong »… Les films à  voir au cinéma

J’ai adoré le film, les personnages sont tous intéressants, bien développés, complexes. William est bien sur le plus intéressant, ces années en prison l’ont modelé, il a eu le temps de réfléchir, s’instruire et apprendre les probabilités et les cartes. J’ai beaucoup aimé regarder the card counter, suivre Will, sa rencontre avec le jeune Cirk obsédé par la vengeance, sa relation ambiguë avec la jolie La Linda, qui travaille pour des investisseurs dont le but est de sponsoriser des joueurs de poker.

Star Wars' Oscar Isaac's new thriller gets first trailer

The card counter nous plonge dans le monde des jeux de cartes et de hasard, avec les analyses fines de Will sur le poker, le black jack ou la roulette et j’ai trouvé ça vraiment très intéressant à suivre. J’ai beaucoup aimé la mise en scène aussi, c’est bien réalisé, Paul Schraeder apporte un style bien particulier qui donne un côté à l’ancienne au film, j’ai eu l’impression de voir un film des années 90, en tout cas d’une autre époque et c’était bien agréable.

De belles images, de très bons personnages, une histoire prenante, un sujet intéressant et des acteurs au top, en particulier Oscar Isaacs bien sur et mention spéciale à Tiffany Haddish, hypnotisante dans le rôle de La Linda

Dernières séances: Illusions perdues – Aline

Illusions perdues de Xavier Giannoli - la critique

de Xavier Giannoli

Benjamin Voisin, Vincent Lacoste, Cécile de France, Xavier Dolan, Gérard Depardieu, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar

4/5

Au début du 19e siècle, durant la restauration, Lucien Chardon, qui se fait appeler Lucien de Rubempré (nom de jeune fille de sa mère), n’a plus que sa soeur comme famille. Il travaille dans l’imprimerie de son beau frère mais aspire à une carrière littéraire. Persuadé d’être un poète de talent, il est aidé par Madame de Bargeton, une noble de province qui s’ennuie et qui s’autoproclame protectrice des arts. Lucien finit par monter à Paris où il espère faire éditer son recueil de poèmes. Il va découvrir le monde littéraire, les critiques, la presse, les éditeurs.

J’avais beaucoup aimé la bande annonce et j’avais entendu de bons retours autour de moi. Je n’ai pas lu le roman de Balzac dont est tiré le film.

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Comme souvent chez Balzac, c’est l’histoire d’un jeune provincial un peu naïf, plein d’espoir, qui monte sur Paris pour s’élever dans la société et réaliser ses rêves, et qui découvrira le cynisme du monde dans lequel il vit. Comme le dit le titre du film, il perd ses illusions sans s’en rendre vraiment compte. J’ai particulièrement adoré les dialogues, notamment les joutes verbales entre le héros et le personnage d’Etienne Lousteau joué par Vincent Lacoste ou les nombreux discours de Lousteau pour décrire le métier de journaliste et de critique. Cynique jusqu’au fond, il n’aura pas de mal à contaminer le naïf Lucien et le convertir au cynisme également. J’ai adoré sa manière de décrire le métier, plein d’humour, il y a beaucoup de scène très drôle finalement (la leçon de Lousteau pour apprendre à faire la critique d’une œuvre littéraire, chaque élément d’un livre pouvant être décrit négativement ou positivement selon l’envie du critique), notamment la blague des deux critiques sur une barque qui croisent Jésus Christ.

De “Illusions perdues” à “Eugénie Grandet”, le casse-tête des adaptations  de Balzac

Le film montre aussi les dessous du journalisme, de la publicité, de la corruption pour obtenir une bonne ou mauvaise critique, le monde de l’édition qui pari déjà à l’époque tout le succès d’un auteur sur du buzz ou du scandale pour faire parler de soi.

Illusions perdues », le film où « l'encre coule à la place du sang » - Le  Point

Si le casting est irréprochable, petite mention spéciale pour Vincent Lacoste, comme toujours excellent. Le film dure 2h30 et j’ai trouvé tout de même quelques longueurs, quelques scènes qui alourdissent inutilement le film ou encore une voix off qui explique un peu trop souvent et trop longtemps certains faits sociaux. Un film à voir, qui m’a donné envie de lire le roman de Balzac, ce qui n’est pas rien.

Aline : que pensent les critiques du faux biopic sur Céline Dion ?

de Valérie Lemercier

Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud, Roc Lafortune

4/5

Au Québec, les Dieu sont les parents de 13 enfants. Mme Dieu pense pouvoir enfin se reposer maintenant que tous ses enfants sont assez grands, mais voilà qu’elle est de nouveau enceinte, une fille Aline. Dans la famille tout le monde à un petit talent dans la musique mais Aline possède une voix exceptionnelle. Persuadée que sa fille est une graine de star, elle envoi à un producteur, Guy Claude Kamar, une maquette qui le convainc de prendre en charge la carrière d’Aline, sur et certain d’en faire une grande star.

Au départ, une biographie officieuse de la vie de Céline Dion ne me tentait pas vraiment, mais j’adore Valérie Lemercier et j’ai voulu lui faire confiance. Et j’ai bien fait, j’ai beaucoup aimé le film.

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Valérie Lemercier nous relate la vie de cette famille nombreuse québecoise et l’ascension de leur dernière enfant, Aline qui a une voix exceptionnelle. Ses premiers pas, ses premières télé, ses premières tournées, son adolescence, son histoire avec son producteur et les différentes étapes de sa vie privée et professionnelle.

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Valérie Lemercier est géniale dans le rôle d’Aline, sa relation avec ses parents, son histoire d’amour atypique avec son producteur, sa vie de famille, ses performances sur scène, tout est très réussie. Mais j’ai surtout été bluffé par les acteurs québécois, Sylvain Marcel dans le rôle de Guy Claude est excellent et surtout Danielle Fichaud et Roc Lafortune dans le rôle des parents d’Aline. C’est dommage qu’on ne connaisse pas plus le cinéma québécois en France, je crois que le dernier film québécois que j’ai vu au cinéma était Guibord s’en va t-en guerre et j’avais adoré.

Photo de Danielle Fichaud - Aline : Photo Danielle Fichaud, Sylvain Marcel,  Valérie Lemercier - AlloCiné
Photo de Danielle Fichaud - Aline : Photo Danielle Fichaud, Sylvain Marcel  - AlloCiné

Si il y a énormément d’humour dans le film, à aucun moment Valérie Lemercier ne se moque de Céline Dion, au contraire, on ressent le respect et l’admiration qu’elle ressent pour la chanteuse. Le film m’a même donné envie d’en savoir plus sur Céline Dion. Si c’est surtout une comédie, il y a aussi beaucoup de moment très touchant dans le film, notamment concernant les parents d’Aline. J’ai passé un très bon moment avec ce film, un très bon divertissement avec d’excellents acteurs.

Dernières séances: Compartiment n°6 – Barbaque

Compartiment N°6 - Film

de Juho Kuosmanen

Youri Borissov, Seidi Haarla

4/5

Laura, une finlandaise étudiant l’archéologie à Moscou depuis plusieurs mois, souhaite se rendre à Mourmansk afin de voir de célèbres pétroglyphes. Elle était sensée faire le long voyage en train en compagnie de sa petite copine russe, Irina, mais cette dernière décommande à la dernière seconde. Laura se retrouve pour plusieurs jours dans un compartiment de 2e classe avec un jeune homme qui semble un peu trop versé dans l’alcool, Ljoha, qui se rend à Mourmansk pour travailler dans des carrières. Petit à petit, Laura et Ljoha font connaissance, entre arrêt du train dans des coins paumés, rencontres plus ou moins sympas, déjeuner au wagon restaurant, voyageurs qui vont et viennent et l’agent du train qui ressemble plus à une gardienne de prison qu’à une hotesse.

Compartiment n°6", romance de gare singulière

J’en avais entendu beaucoup de bien de ce film et si ce n’est pas le film de l’année je n’ai pas été déçue. On fait ce long voyage avec Laura. Ici pas d’idéalisation romanesque des voyages avec des paysages ou rencontres magiques, au contraire le film me donnerait presque envie de rester chez moi et d’abandonner toute envie de voyage! Train désuet, paysages hostiles, mornes, tristes, des rencontres pas toujours sympathiques, confort spartiate. La trop seule Laura qui aura eu envie de faire demi tour à peine partie, n’est plus vraiment motivée par ce voyage, dès qu’elle fait la rencontre avec Ljoha, son compagnon de voyage imposé. Les deux n’ont pas grand chose en commun si ce n’est leur destination. Rien ne vaut un long voyage coincé avec soi même pour apprendre à se connaitre et se forcer à faire le point.

Compartiment n° 6 » : rencontre entre deux solitudes sur la route de Moscou  à Mourmansk
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J’ai adoré faire ce voyage avec Laura et Ljoha, les voir sympathiser très lentement, malgré eux, les voir devenir si proches, coupés du reste du monde. Tout le monde finit par se détendre et se laisser aller, même leur « hotesse » de train, distributrice de thé gratuit, qui se déridera sur la fin du voyage. La lenteur du train, la neige, la nuit improvisée passée chez la mère de Ljoha, le gris, Mourmansk, les quelques rayons de soleil. Les deux acteurs principaux sont vraiment excellents, vrais, sans artifices. Il y a également un côté très décalé dans ce film. Au début du film, entre l’appartement d’Irina, l’absence de technologies modernes, la musique des années 80 qui accompagne les personnages, le train vieillot, trop vieillot, les tenues vestimentaires sans âge des personnages, la caméra d’une autre époque que l’héroine utilise pour filmer son voyage, j’étais persuadée que l’intrigue avait lieu dans les années 80. Mais les personnages qui évoquent le film Titanic et quelques autres indices me font situer le film plutôt au début des années 2000. Un film intéressant sur la quête de soi et la solitude, tellement bien interprété par ces deux acteurs principaux.

Barbaque - film 2020 - AlloCiné

de Fabrice Eboué

Fabrice Eboué, Marina Foïs

3/5

Sophie et Vincent Pascal tiennent une boucherie depuis de nombreuses années. Vincent est heureux dans sa routine, amoureux des produits de qualité et du service clientèle plus que de la rentabilité, ce qui énerve de plus en plus Sophie qui croule sous les dettes et crédits et qui en a assez d’être confrontés tous les week ends à la réussite financière de sa copine mariée à un riche boucher industriel. Un jour Vincent et Sophie croisent sur la route l’un des jeunes végans qui avaient vandalisé leur boucherie. Ils l’écrasent involontairement. Ne sachant que faire du cadavre, Vincent le débite en morceau et Sophie les vends à ses clients sans savoir qu’il s’agit d’un cadavre humain. Les clients raffolent de cette nouvelle viande et les commandes abondent. Sophie et Vincent décident de partir à la chasse au végan pour approvisionner leur boutique.

Barbaque, la nouvelle comédie de Fabrice Éboué : critique et teaser -  Sortiraparis.com

Des bouchers en difficulté financière qui vendent par accident de la viande humaine et qui ont tellement de succès qu’ils se mettent à chasser l’humain, l’histoire me rappelle énormément celle du film danois « les bouchers verts » avec Mads Mikkelsen de Anders Thomas Jensen en 2003. J’avais bien aimé cette comédie noire, mais moins que son film suivant « adam’s apple »(toujours avec Mads Mikkelsen). L’histoire du film rappelle aussi énormément le scénario d’un épisode de la série d’horreur « les contes de la crypte », épisode (« qu’est-ce que tu mijotes? ») dans lequel un restaurateur en faillite sert sans le savoir de la viande humaine. Son commerce en perdition devient du jour au lendemain l’adresse la plus prisée de la ville.

Barbaque | Kinepolis France

J’ai bien aimé également Barbaque sans que ce soit sans défaut. Le film intègre des éléments sociaux plus récent comme le véganisme, le mouvement de certaines personnes qui s’en prennent à des boucheries, le traitement des animaux d’élevage, la consommation de viande (moins mais mieux consommer de viande)…

Marina Foïs joue ici une femme qui s’enlise dans la routine et qui n’aime pas sa vie. Les factures se sont transformées en dettes, les perspectives d’avenir sont inexistantes et elle ne supporte plus son mari qui n’a aucune ambition. Gouté à la viande humaine ravive son envie de vivre, la chasse au végan recrée sa complicité d’antan avec son mari, les affaires décollent enfin grâce à cette nouvelle viande appelée pour les clients « porc d’Iran ».

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Si vous vous attendez à une comédie française qui vous fait rire aux éclats, passez votre chemin, car en réalité on ne rit pas énormément dans le film. C’est surtout un humour noir, un humour sanglant, certaines scènes sont tout de même très drôle mais le visuel gore du film coupe parfois l’envie de rire, car le film est bien sanguinolant, des cadavres, du sang, des parties de cadavres qui se baladent partout. Marina Foïs et Fabrice Eboué sont très bons dans ce couple à la dérive qui se rabiboche dans la tuerie sanglante. A ne pas voir après déjeuner.

Dernière séance: Le dernier duel de Ridley Scott

Le Dernier duel - film 2021 - AlloCiné

de Ridley Scott

Matt Damon, Adam Driver, Jodie Comer, Ben Affleck

4/5

A la fin du 14e siècle en France, Jean de Carrouge, chevalier et écuyer du roi, s’est battu vaillamment dans de nombreuses batailles pour le bien de son suzerain le comte d’Alençon et pour le roi de France. Cependant il est spolié de certaines choses importantes au profit de son ami de jeunesse, Jacques Le Gris, le favori du comte d’Alençon. Après de nombreux revers dans la vie, il épouse la belle Madeleine de Thibouville, dont le père n’a pas très bonne réputation auprès du roi mais qui a constitué une belle dot pour sa fille unique, qui permettrait à Jean de Carrouge d’arranger sa situation financière défavorable. Après une période d’absence pour combattre les anglais et pour régler des affaires à Paris, il retrouve sa femme qui avoue à son mari que Jacques Le Gris est venu chez elle et l’a violé. Souhaitant obtenir réparation et sachant que le comte d’Alençon protégera son favori, Jean s’en remet à la justice divine en demandant au roi d’autoriser un duel à mort.

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Comme je le disais la semaine dernière, la programmation au cinéma commence enfin à redevenir un minimum intéressante. Tiré d’une histoire vraie qui a défrayé la chronique à l’époque, Ridley Scott nous raconte l’histoire de cette femme qui avait beaucoup a perdre en dénonçant son agresseur et en demandant réparation. Elle aurait pu faire comme la majorité des victimes, se taire et faire semblant que tout va bien. Le film est découpé en plusieurs chapitres, la version de Jean de Carrouge, la version de Jacques Le Gris et la version de Madeleine de Thibouville, sous-titrée « la vérité ». Ridley Scott dépeint deux personnages historiques que tout opposent, Jean de Carrouge est issu d’une famille qui occupe de père en fils un poste prestigieux auprès du comte d’Alençon, un homme qui ne sait pas gérer ses affaires financières, faisant passer l’honneur de son nom avant le reste. Gloire et courage le pousse à se lancer dans des batailles violentes et sanglantes au nom de son seigneur. C’est aussi un homme vertueux et rangé, peut être pas très malin et qui sans s’en rendre compte, est devenu un peu le vilain petit canard au yeux de son suzerain, un libertin qui ne pense qu’à boire et faire la fête et qui trouve en Jacques Le Gris, un acolyte parfait. Il en fait donc son favori et Jacques, instruit et intelligent, sait en profiter au détriment de son ami Jean qui perd des privilèges au profit de Jacques qui lui prend tout. Violer sa femme est la dernière chose que Jacques lui prend.

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La forme du film est assez classique et l’histoire aurait pu l’être aussi mais malgré le fait que l’histoire se déroule au moyen age, le film est incroyablement moderne et d’actualité. La façon dont la justice traite Madeleine, les questions intimes qui lui sont posées devant une audience peut sembler d’un autre temps mais en fait non, la façon de traiter la parole de la femme et de remettre en question les causes de leurs agressions n’ont pas beaucoup changé finalement malgré les siècles.

Le Dernier Duel : la scène d'ouverture et le combat Adam Driver vs Matt  Damon

Le film nous parle aussi du consentement. La scène du viol dans la version de Jacques le Gris et la version de Madeleine de Thibouville est légèrement différente. Jacques le Gris prend les cris, les pleurs et les récriminations de Madeleine comme l’expression de son consentement, comme s’il s’agissait d’un jeu. Ces paroles après l’agression sont très révélatrices. Pour lui ce n’est pas un viol car il désirait Madeleine, son envie seul compte et suffit à justifier son agression.

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Le dernier duel est très réaliste dans la psychologie des personnages, aucun romantisme ici, pas de gentil mari aimant d’un côté et un méchant séducteur qui se croit irrésistible de l’autre. Jean de Carrouge est un homme un peu rustre qui ne voit sa femme que comme sa propriété et celle qui portera son héritier. Il peut faire preuve de gentillesse, de compréhension ou de douceur, il n’est ni mauvais ni bon. Jacques Le Gris est lui aussi ni bon ni mauvais, il agit selon l’éducation qu’il a reçu, les mœurs qui l’entourent, il viole Madeleine car il l’a considère comme une proie qu’il faut ajouter à sa liste. Il apprécie Jean de Carrouge dont il fut le parrain de son fils issu de son premier mariage (décédé depuis) mais cela ne l’empêche pas de lui prendre certains de ses privilèges.

Dans les coulisses avec... Jodie Comer et Ridley Scott sur l'épopée  médiévale The Last Duel - Apk9to5

Enfin Scott, comme souvent dans ces films, nous dépeint un portrait de femme forte, déterminée. Madeleine a été très courageuse d’affronter tous ce qu’on lui a fait subir uniquement pour obtenir justice et punir son agresseur et a pris de très gros risques. un film épique, on ne s’ennuie pas une seconde, bien rythmé, avec un excellent casting, historique et en même temps très moderne. Un film à voir.

Dernières séances: Mourir peut attendre, Stillwater

MOURIR PEUT ATTENDRE - BOF - Genres musicaux - Musique

de Cary Joji Fujunaga

Daniel Craig, Lea Seydoux, Ana de Armas, Rami Malek, Jeffrey Wright, Ralph Fienes, Lashana Lynch, Ben Wishaw

3/5

Après les évènements de Spectre, Bond et Madeleine mènent une vie paisible loin des affaires d’états. Elle décide d’emmener Bond en Italie afin qu’il puisse se rendre sur la tombe de Vesper Lynd et faire ses adieux au passé afin d’aller de l’avant ensemble. Mais après un attentat de grande envergure, Bond évite de justesse la mort. Toutes les informations tendent à pointer du doigt Madeleine comme traitresse et Bond décide de se séparer d’elle. 5 ans plus tard, Bond s’est retranché en Jamaique, à la retraite, lorsqu’il est contacté par son ami, l’agent de la CIA Felix Leiter, qui lui demande son aide pour retrouver un scientifique enlevé quelques jours plus tot alors qu’il travaillait dans un laboratoire top secret du MI6. Bond finit par accepter.

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Et voilà enfin le nouveau James Bond, après un an et demi de retard du au covid. C’est aussi le dernier James Bond incarné par Daniel Craig. J’avais adoré, mais vraiment adoré le premier film, Casino Royale avec Eva Green, j’avais bien aimé sans plus Quantum of solace, bien aimé Skyfall, et je n’ai pas trop accroché à Spectre.

Photo de Lashana Lynch - Mourir peut attendre : Photo Daniel Craig, Lashana  Lynch - AlloCiné

Qu’en est-il de ce dernier opus? et bien on se rapproche plus de mon ressenti pour Spectre que pour les autres film hélas. Bien sur, c’est un James Bond, et en cela certains éléments traditionnels sont bien présents. Beaucoup d’actions, des gadgets, du rythme, on voyage dans plusieurs pays, un peu d’humour, et l’entourage habituel de Bond, M, Q, Money Penney.

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Mais je n’ai pas aimé le personnage de Madeleine. Déjà dans Spectre je trouvais son personnage prometteur au tout début et décevant au fur et à mesure que le film avance. Son personnage est un peu ringard, un peu passé, pas moderne. Et dans Mourir peut attendre, ça ne s’arrange pas. Sans parler que Lea Seydoux n’est pas une actrice qui marque les esprits, je l’a trouve insipide, peu expressive. Son couple avec Bond, on y croit pas trop.

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L’histoire en elle même n’a rien d’originale ou de nouveau, un gros méchant, une ile perdue au milieu de nulle part qui sert de base, un classique dans James Bond, mais Rami Malek joue très bien le méchant psychopathe.

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2h45, j’ai eu un peu la flemme de m’assoir dans la salle, appréhendant de m’ennuyer un peu, mais de ce côté là, c’est réussi. Beaucoup d’action, beaucoup de destinations différentes à travers le globe, des touches d’humour aussi. Ce que j’ai préféré, c’est Ana de Armas. Elle apporte une énorme dose de fraicheur, d’humour, le passage du film dans lequel elle apparait reste mon moment préféré du film loin devant, une vraie bouffée d’air frais. Dommage que ça ne dure pas plus longtemps ou qu’on ne revoit pas ce personnage.

SPOILER (texte en blanc ci-dessous)

(Et puis la fin, je n’approuve pas. James Bond doit rester un divertissement, et la tradition du personnage veut que tout le monde croit Bond mort alors qu’en fait il ne l’est pas. Le faire mourir c’est une solution facile et qui ne va pas du tout avec le personnage, la fin m’a donc déçu.

Photo de Léa Seydoux - Mourir peut attendre : Photo Léa Seydoux - AlloCiné

On ne s’ennui pas, c’est bien rythmé, ça reste un bon divertissement malgré les défauts. Daniel Craig aura été un excellent James Bond, et avec lui la franchise se sera modernisée et aura évolué, surtout avec Casino royale. Le rôle des femmes aura lui aussi évolué, bien que cela dépendent vraiment des personnages (Eva Green, Olga Kurylenko, Ana de Armas, Lashana Lynch), certaines resteront dans le modèle de la femme objet ou de la brebis égarée (Monica Belluci, Lea Seydoux, Berenice Marlohe). A voir maintenant qui reprendra le flambeau du plus célèbre agent secret de sa majesté.

Stillwater - film 2021 - AlloCiné

de Tom McCarthy

Matt Damon, Abigail Breslin, Camille Cottin

4/5

Depuis 4 ans, Bill Baker, foreur sur des sites pétroliers à Stillwater en Oklahoma, se rend régulièrement à Marseille rendre visite à sa fille unique Allison, emprisonnée pour 9 ans à la prison des baumettes. Alors qu’elle était étudiante, elle a été accusé et condamné pour le meurtre de sa petite amie, Lina. Bill Baker qui a épuisé tous les recours possibles, vient lui rendre visite dans l’attente de sa libération mais Allison, qui a toujours clamé son innocence, a entendu parler d’une nouvelle piste menant à un homme qui pourrait bien être le meurtrier de Lina. Bill comprend vite qu’il ne peut compter que sur lui-même pour retrouver l’homme en question, mais il ne connait pas la ville et ne parle pas français. Il fait la connaissance de Virginie, actrice de théâtre qui élève seule sa fille Maya. Elle décide de l’aider en jouant les traductrices.

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J’avais très envie de voir ce film et j’aurais mis du temps avant de pouvoir y aller. On suit Matt Damon dans le rôle d’un père dont on comprend qu’il n’ pas toujours été là pour sa fille, qui a surtout été élevée par sa grand mère. Retrouver l’homme qui pourrait permettre de faire sortir sa fille de prison est pour lui le moyen de se rattraper, de se racheter.

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Les personnages sont tous plus complexes qu’il n’y parait, Bill n’est pas le père parfait, sous sa gentillesse et son sang froid, il a ses propres démons et ses propres faiblesses. Petit à petit, on découvre doucement le passé, le caractère de chacun. Personne n’est tout blanc ou tout noir, ni Abigail, ni Virginie. J’ai beaucoup aimé la relation de Bill avec la petite Maya, leur relation est très touchante, très humaine.

La bande-annonce de Stillwater suit Matt Damon en tant que père de  l'Oklahoma qui se rend en France pour sauver sa fille | FR24 News France

La quête de vérité de ce père est vrai, crédible, car difficile, longue, Bill reste de long mois sans la moindre avancée, reprenant le quotidien, espérant un miracle, une piste, une information. Et McCarthy film parfaitement Marseille loin des clichés touristiques, les immeubles vieillissants, les tags, les cités, les bars, les cafés, on ressent l’atmosphère de la ville, une petite excursion dans les calanques. Un bon film, des petites révélations, un peu de suspense, de très bons acteurs, Marseille en personnage à part entière du film, un duo touchant entre Bill et Maya, un film réaliste et maitrisé, à voir.

Dernières séances: Dune de Denis Villeneuve, Le sommet des dieux de Patrick Imbert

Après une longue période de vaches maigres au cinéma, enfin la programmation devient un peu plus folichonne. Je suis allée récemment voir deux films, Dune et Le sommet des dieux.

Dune

de Denis Villeneuve,

Timothée Chalamet, Rebecca Fergusson, Oscar Isaac, Zendaya, Josh Brolin, Stellan Skarsgard, David Baustista, Jason Momoa, Charlotte Rampling, Javier Barden

4/5

En l’an 10191, une galaxie est divisée en plusieurs grandes familles appelées « Maisons », toutes sous l’autorité de l’Empereur. Les voyages interstellaires sont permis grâce à l’Épice, une sorte de substance qui possède énormément de propriétés dont celle de faciliter les voyages spatiaux. L’Épice est donc l’élément le plus précieux de la galaxie et elle ne se trouve que sur la planète Arrakis, une planète entièrement recouverte par le désert, l’épice se mêlant au sable. L’empereur accorda pendant 80 ans le monopole de l’exploitation de l’épice à la Maison Harkonen, qui oppressa le peuple autochtone, les Fremens. Mais l’Empereur a décider de retirer l’exploitation de Arrakis aux Harkonens pour la donner à la famille Atreides. L’empereur qui ne supporte pas la concurrence, estime que les Harkonens et les Atreides sont devenus trop dangereux, l’une étant trop riche grâce à l’exploitation de l’épice, et l’autre trop puissante grâce à une influence de plus en plus grande. L’empereur espère monter les deux familles l’une contre l’autre et se débarrasser ainsi des deux. C’est dans ce contexte difficile que la famille Atreides prends place sur la planète Arrakis. Paul, l’héritier du trône, est perturbé depuis des semaines par des rêves étranges en lien avec Arrakis mais aussi par l’épreuve étrange que lui a fait passer sa mère avant leur départ. Il serait selon une prophétie, une sorte d’élu pouvant amener les humains vers un meilleur avenir.

Dune: Oscar
        Isaac
Dune: Timothée
        Chalamet, Javier
        Bardem, 
        Zendaya, Rebecca
        Ferguson

Je n’ai pas lu le roman de Frank Herbert, donc je ne parlerais pas de l’adaptation en elle même. J’ai adoré le film, tout y est, une réalisation très réussie, de sublimes images, de sublimes couleurs, un casting très réussi. Malgré un contexte sociale, politique, historique, religieux, complexes, Denis Villeneuve arrive à nous faire comprendre l’univers de Dune et de ses personnages, sans être lourd ou trop didactique.

Dune
Dune: Josh
        Brolin, Timothée
        Chalamet

Si les personnages de Dame Jessica et de Paul sont assez bien développés, c’est un peu moins le cas pour d’autres, mais c’est compréhensible, Dune aura normalement droit à une suite. 2h35 sans que je me sois ennuyée une seule fois, c’est fluide, c’est beau, à voir sur grand écran, le tout sublimé par la très belle et originale musique écrite par Hans Zimmer ( qui a bien fait de ne pas travailler sur le Tenet de Nolan pour pouvoir faire Dune, ça valait le coup). On devine une complexité dans l’histoire de Dune qui me donne envie de lire le roman (peut être pas tout le cycle). Espérons que la suite se fasse comme prévu.

Le Sommet des Dieux

De Patrick Imbert

4/5

A Katmandou, le reporter photographe japonais Fukamachi spécialisé dans l’alpinisme, croit reconnaitre le célèbre alpiniste Habu Joji, autrefois une figure célèbre mais qui a disparu de la circulation depuis 8 ans. Il détiendrais l’appareil photo d’un autre alpiniste célèbre, disparu en montagne en tentant d’atteindre le sommet de l’Everest pour la première fois. Les photos prises par l’appareil pourrait bien remettre en cause l’histoire de l’alpinisme et désigner le véritable premier grimpeur à avoir atteint le sommet. Fukamachi devient obsédé par Abu et commence à retracer sa vie passé en rencontrant les gens qu’il a côtoyé, ces premiers succès, ces difficultés.

Le Sommet des Dieux

Le sommet des dieux fait partie des titres les plus connus de Jiro Taniguchi, célèbre auteur de bande dessinée japonaises. J’ai lu beaucoup de ces bd, Quartier lointain, L’orme du Caucase, Le journal de mon père, La montagne magique, mais je n’ai pas lu le Sommet des dieux.

Le Sommet des Dieux
Le Sommet des Dieux

J’ai beaucoup aimé cet animé, les images sont sobres, très réalistes, les paysages de montagne donnent parfois l’impression de voir une photo plutôt qu’un dessin. J’ai beaucoup aimé suivre le reporter remonter la trace de Habu et découvrir avec lui ce qu’à été sa vie, sa passion dévorante pour la montagne, ce besoin d’atteindre toujours et encore le sommet, sa façon absolue et sans concessions de voir les choses sans nuances ce qui l’a isolé des autres, de la société. C’est un jolie suspense jusqu’au bout, une poésie se dégage des images, des personnages, de l’histoire, on se sent touché par l’atmosphère dès les premières minutes, à voir.

Dernières séances: Drive my car – Reminiscence

La programmation n’est pas folichonne ces jours ci, je devrais même dire ces mois-ci. Si je regarde les quelques films que j’ai vu depuis janvier 2021, c’est un peu la tristesse niveau qualité. J’ai bien vu des films sympa mais rien d’exceptionnel et on est déjà en aout. Avec l’instauration du pass sanitaire et la grosse baisse de fréquentation des salles, certains films ont même été retiré de la programmation. Déjà qu’en été, en temps normal c’est jamais bien intéressant, mais là c’est vraiment la tristesse.

Drive My Car

De Ryusuke Hamaguchi

Hidetoshi Nishijima, Toko Miura, Masaki Okada, Reika Kirishima

3,5/5

Yusuke Kafuku est un acteur de théâtre et metteur en scène qui est en train de mettre une touche finale à une adaptation de Oncle Vania, tandis que sa femme est scénariste de séries télé. Le couple très complice dans leurs vies privées et dans leur travail respectif, s’aiment sincèrement. Quelques années plus tard, Yusuke, devenu veuf, ne s’est jamais complétement remis de la mort de sa femme, morte brusquement. Il ne peut d’ailleurs plus jouer le rôle principal de sa dernière pièce, qui lui rappelle trop sa femme. Aujourd’hui, un festival important lui propose de remonter sa pièce Oncle Vania. Il doit se rendre sur place plusieurs semaines durant pour participer aux castings des différents acteurs, la lecture de la pièce et enfin les répétitions. Alors que tout le monde espère que Yusuke reprenne le rôle principal, ce dernier s’y refuse toujours. Pour des questions d’assurance il est obligé d’accepter le réglement du festival et se faire conduire par un chauffeur. Il confie alors sa voiture à Misaki, une très jeune femme taciturne qui conduit à la perfection. D’abord réticent, Yusuke commence à s’habituer à la présence de Misaki, qui elle même a du mal à se remettre de la mort violente de sa mère.

Drive My Car: Hidetoshi Nishijima

J’étais un peu flemmarde pour voir Drive my car uniquement parce que le film dure 3h. Mais en lisant les critiques je vois que tous sont unanimes sur le fait que le film est un chef d’oeuvre, même télérama et première lui accordent 5/5 alors que c’est assez rare. Je me dis que je vais peut être voir mon film de l’année, mais finalement ce n’est pas encore ça.

Drive My Car: Hidetoshi Nishijima, Toko Miura

La première heure du film nous présente Yusuke et sa femme, leur vie, leur quotidien. Le réalisateur prend le temps de nous introduire dans leur vie de couple, leur intimité, leur complicité et leur travail. Tout semble aller simplement dans ce couple uni, cependant petit à petit on découvre les failles de ce couple, leur drame, leur blessure, leurs défauts. La 2e partie du film change de décor avec Yusuke qui a pour travail de monter la pièce Oncle Vania avec de nouveaux acteurs et surtout sa rencontre avec Misaki, la conductrice taciturne qui elle aussi a ses failles et blessures.

Malgré les 3h que dure le film on ne s’ennuie pas, je ne dirais pas que je n’ai pas vu le temps passé, mais je ne me suis pas ennuyée non plus. Bien que je peux comprendre que le réalisateur ait pris le temps de nous faire connaitre ses personnages, j’ai trouvé le film trop long et aurait très facilement pu ne durer que 2h.

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Du même réalisateur j’avais vu il y a quelques années Senses qui était sortie en 3 fois car d’une durée de plus de 5h. On y retrouve les mêmes caractèristiques, un film très long, qui prend le temps de faire connaitre en douceur les personnages aux spectateurs, qui prend le temps de faire découvrir les failles des personnages, mais une impression de vide concernant le scénario, l’histoire. On retrouve aussi cette façon étrange de nous montrer en temps réel des lectures de textes qui peuvent sembler interminables pour celui qui regarde le film. Dans Senses on avait eu droit à la lecture d’une nouvelle entière en temps réel et qui m’avait profondément ennuyée; ici c’est les nombreuses lectures du texte faites par les acteurs choisis pour la pièce devant le metteur en scène et ses adjoints. C’est malgré tout moins ennuyant à suivre que dans Senses.

Si pour moi ce n’est pas un chef d’oeuvre, j’ai aimé suivre le parcours du héros, Yusuke et découvrir le portrait de la jeune Misaki. Leur rencontre est intéressante au début, touchante au fur et à mesure qu’ils apprennent à se connaitre et à se dévoiler leurs blessures respectives. Un film qui parle du deuil avec beaucoup de subtilité interprété par d’excellents acteurs.

Reminiscence

de Lisa Joy

Hugh Jackman, Rebecca Fergusson, Thandie Newton

2,5/5

Dans un futur proche, Miami comme beaucoup d’autres endroit sur terre, est touchée par la montée des eaux. Nick Bannister gère, avec l’aide de son amie Watts, une petite entreprise qui exploite une technologie assez répandue, qui permet à une personne de se replonger dans ses souvenirs. Il participe ainsi parfois à des enquêtes policières, des interrogatoires et plus couramment à des gens nostalgiques de leurs passés ou qui ont des petits soucis de mémoire et on besoin de se rappeler certains détails. Un jour il reçoit la visite de Mae, une jolie chanteuse qui souhaite se replonger dans ses souvenirs récents car elle a perdue ses clés. Très vite Nick et Mae tombent amoureux l’un de l’autre mais un beau jour Mae disparait sans laisser de trace.

Reminiscence

En allant voir Reminiscence je ne m’attendais pas à grand chose et je n’ai pas eu grand chose. Rien de bien original dans ce film, un futur proche qui sort à peine d’une guerre violente suite à la montée des eaux et les nombreux problèmes que ça a engendrés, une population pauvre qui doit survivre dans des quartiers insalubres tandis qu’une très petite minorité très riche s’est encore plus enrichie sur le dos des autres, protégée des eaux derrière des digues qui contribuent à engloutir les autres. La technologie permettant de refaire vivre les souvenirs n’a rien de bien originale non plus tout comme le message du film, doit on vivre dans le présent et penser à l’avenir même si c’est plus douloureux, ou peut on choisir de ne pas affronter la vie en vivant constamment dans ses souvenirs?

Reminiscence: Hugh Jackman, Natalie Martinez

Reminiscence n’est pas bien originale, avec des personnages peu approfondis. On a du mal à s’attacher aux personnages, on nous les présente à peine, aucune profondeur. Un esthétisme sympa sans être révolutionnaire et une voix off du personnage principal qui nous parle sans arrêt, comme dans un film noir des années 40 qui mettrait en scène un détective au chapeau fatigué. Reste un film divertissant, sans longueur qui n’ennuie pas, mais vite vu vite oublié.

Dernières séances: Kaamelott et Black Widow

Kaamelott – Premier volet

De Alexandre Astier

Alexandre Astier, Anne Girouard, Joelle Sevilla, Lionel Astier, Franck Pitiot, Jean Christophe Hembert, Thomas Cousseau

4/5

A la fin de la série Kaamelott, le roi Arthur en pleine dépression décide de remettre excalibur dans son rocher et abandonne le trone. Il confie le pouvoir à Lancelot et part s’exiler seul à Rome. 10 ans plus tard, tous les chevaliers de la table ronde se cachent loin de Kaamelott et surtout loin de Lancelot. Certains on repris une vie ennuyeuse à l’abri de leurs chateaux, d’autres se cachent et organisent une résistance contre Lancelot, devenu un souverain despotique, brutal et sadique. Il dépense tous le trésor du royaume pour se payer les services des saxons afin de traquer les anciens partisans d’Arthur.

Anne Girouard (Guenièvre dans Kaamelott): "C'est comme si on s'était quitté  la veille"
Kaamelott - Premier Volet : un teaser et une date de sortie pour le film  d'Astier !

Et ben on l’aura attendu ce film. Alexandre Astier avait annoncé le projet d’un film dès la fin de la série Kaamelott mais depuis plus rien. Ce n’est qu’en 2017 que le projet est vraiment lancé, Alexandre Astier ayant eu du mal à réunir un budget suffisamment conséquent pour faire le film qu’il souhaitait faire, ce qui est étonnant au vue du succès de la série et de la communauté de fan qui reste très active. Le film devait sortir en mai 2020 mais pour cause de covid et de la fermeture des salles le film est repoussé à octobre 2020, mauvaise pioche encore une fois puisque seconde vague de la pandémie. Enfin sortie le 21 juillet, mais bizarrement le gouvernement décide de l’instauration d’un pass sanitaire pour accéder aux salles obscures comme par hasard le jour même de sa sortie….

Kaamelott – Premier volet: Caroline Ferrus

Alors qu’en est il du film? Je ne sais pas si j’arriverais à noter le film sans penser à la série. Car j’ai quand même eu l’impression de voir un épisode spécial plus qu’un film de cinéma. On retrouve l’ambiance, l’humour, les réparties, les dialogues de la série télé. Evidemment il y a une différence avec la série, ici Alexandre Astier se donne les moyens de ses ambitions. Les costumes sont plus travaillés (j’adore la tenue de Lancelot, aussi rigide que sa personnalité) et enfin on a des vues de Kaamelott, du chateau, on a également des prises de vues dans de magnifiques décors naturels.

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Certains plans m’ont rappelé le style du Livre V, une saison de la série plus sombre et que j’ai adoré. Ce n’est pas la saison que je revois avec le plus de plaisir dans le sens où l’histoire prend une tournure dramatique, mais j’ai adoré la réalisation de cette saison V, notamment les épisodes Le phare (les scènes d’Arthur sur la plage sont particulièrement belles), Le guide et Anton (très émouvant les retrouvailles d’Arthur avec celui qui l’a recueilli quelques temps dans son enfance joué par Guy Bedos).

L'intrigue du film Kaamelott – Premier volet dévoilée dans une nouvelle  bande-annonce | Radio-Canada.ca

Dans le film on a droit à quelques jolies scènes, on retrouve ce mélange d’humour, de moments plus dramatiques et de moments très touchants. J’ai aimé entendre les dialogues et les réparties toujours aussi bien écrits (notamment pour le personnage joué par Clovis Cornillac), j’ai adoré revoir les personnages, en particulier Léodagan et Dame Selie, Merlin ou Perceval. J’ai adoré l’humour, il y a des moments où j’ai vraiment ri. J’ai toujours eu beaucoup d’attachement et de tendresse pour le personnage de Guenièvre. Dans la série j’ai aimé son évolution, cette femme un peu idiote mais pas tant que ça, naïve, qui n’arrive jamais à se faire aimer de son mari et qui au fil des saisons devient plus indépendante, prend des décisions, choisie sa route mais reste toujours un soutien pour Arthur. J’ai toujours trouvé la relation entre Arthur et Guenièvre touchante et dans le film j’ai trouvé très émouvante la scène dans laquelle Arthur accompagne Guenièvre récupérer la couronne de fleurs de son mariage.

CRITIQUE de Kaamelott - Premier Volet : des premiers pas au cinéma  semi-croustillants pour Arthur et sa bande de joyeux lurons - GAMERGEN.COM

Il y a des moments saisissants dans le film, des moments très touchants et émouvants, il y a beaucoup d’humour. J’ai passé un très bon moment et contente de voir enfin ce que devient Arthur bien qu’on se demande comment Arthur est passé de Rome à esclave. J’aimerais aussi savoir pourquoi le père Blaise est passé du côté de Lancelot, et pourquoi l’épée d’Arthur ne fonctionne plus à la fin du film. Vivement la suite, en attendant j’espère pouvoir revoir le film au cinéma, et en dvd qui je suis sur, sera bourrés de bonus et de scènes supplémentaires (enfin j’espère!).

Black Widow

De Cate Shortland

Scarlett Johansson, Florence Pugh, Rachel Weisz, David Harbour

3,5/5

L’histoire se déroule après les évènements de captain america civil war. Les avengers sont en crise suite aux accords de Sokovie. Natasha Romanoff a pris le large et s’est mise au vert en Norvège. On découvre alors son enfance, son passé et des fantômes qui refont surface.

Rachel Weisz et David Harbour rejoignent «Black Widow» - Édition digitale  de Liège

Black widow, j’y suis allée sans conviction, car les Marvels, ça commencent à me lasser fortement. Et finalement, j’ai assez apprécié le film. On découvre l’enfance perturbée de celle qui est devenue Black Widow, Natasha Romanoff. Orpheline, elle a été embriguée dans une organisation secrète afin de servir de couverture à deux agents russes installés aux Etats Unis sous une fausse identité. Elle et sa « petite soeur », une autre orpheline, devaient jouer les enfants du couple. Si leur vie de famille est en faite fausse, Natasha apprécie la stabilité et la présence de ces faux parents, jusqu’au jour où la mission s’arrête et où les deux fillettes sont violemment séparées l’une de l’autre et de leurs pseudo parents. Formées ensuite pour devenir de terribles tueuses, les deux filles ne se sont pas revues.

Black Widow: Scarlett Johansson, Florence Pugh

L’histoire n’a rien d’originale au fond deux anciennes soeurs qui se retrouvent après de longues années d’absence et qui unissent leurs talents et leurs forces pour aller détruire l’organisation qui a bousillée leurs enfance ainsi que le chef de tout ce réseau. Mais j’ai aimé voir le personnage de Natasha être approfondi, voir ses origines, son passé. Il y a certaines scènes très réussies, notamment toutes les scènes de famille, Natasha et sa soeur Yelena, leur discussion, leurs désillusions, la réunion des deux filles avec leurs faux parents dont le comportement est plus complexe qu’il n’y parait.

Why Black Widow was the 'perfect' first role for Rachel Weisz after giving  birth

J’avais peur que les scènes d’actions prennent le dessus sur le reste et me paraissent longuettes, mais en fait non, elles sont fréquentes mais pas ennuyantes. Par contre, aucun réalisme dans les scènes de combats, Scarlett Johansson en particulier, reçoit des coups et subit des chutes qui auraient tués au moins cent fois un être humain normal. Le film a tendance à oublier que le personnage de Natasha, aussi douée soit elle, ne possède aucun super pouvoir…Certaines scènes d’action sont tellement exagérées que ça en devient un peu ridicule.

Black Widow' Director Says Scarlett Johansson Will Pass the Baton to Florence  Pugh | Screen Realm

Heureusement il y a aussi beaucoup d’humour, notamment lors de la réunion de famille entre les filles et leurs faux parents. Il y a aussi pas mal d’humour dans la relation particulière qu’entretiennent les deux soeurs. Il y a un coté intimiste dans Black Widow que j’ai apprécié. L’autre point fort c’est le casting, outre Scarlett Johansson, j’ai adoré voir Florence Pugh, Rachel Weisz et David Harbour, excellent dans cet ancien agent russe déchu et papa plein de regret. Un bon divertissement.

Dernières séances: Gagarine et Médecin de nuit

Gagarine

de Fanny Liatard et Jeremy Trouilh

Alseni Bathily, Jamil McCraven, Lyna Khoudri, Finnegan Oldfield

4/5

Youri, 16 ans, passioné par l’astronomie vit à la cité Gagarine à Ivry. Très attaché au seul lieu qu’il n’a jamais connu, Youri est déterminé à sauver son bâtiment destiné à être démoli sur décision de la municipalité. Avec l’aide de ses amis Houssam et Diana, il fait tout son possible pour sauver la cité. Doué pour le bricolage, il répare tous ce qu’il peut, ascenseur, éclairages des parties communes, volets, mais rien n’y fait la décision est prise. Petit à petit les habitants déménagent, font leurs cartons et partent.

Gagarine: Jamil McCraven, Lyna Khoudri, Alséni Bathily

La cité Youri Gagarine a été construite au début des années 60 et comme beaucoup d’immeubles de cet époque, les bâtiments ont été construits à la va vite, avec des matériaux médiocres et en suivant des procédures de constructions obsolètes. Entre mauvais entretien et détérioration inévitable, la cité est destinée à être démolie pour faire place à de nouveaux projets aux normes énergétiques. A l’époque, la cité avait même reçu la visite de Youri Gagarine en personne.

Gagarine: Alséni Bathily

Le Youri du film, lui, est passionné d’astronomie et rêve de devenir astronaute mais en attendant il rêve surtout de sauver la cité. Les habitants entretiennent une relation amour/haine avec leur cité. Tous le monde se connait, les habitants y vivent depuis des décennies, chacun ont leurs habitudes. Mais en même temps, si tout le monde est attaché à leurs liens sociales, ils savent aussi que leurs logements sont devenus insalubres, inadaptés et difficiles à vivre au quotidien (problème de plomberie, ascenseur en panne un jour sur deux…).

Gagarine: Finnegan Oldfield

J’ai adoré le film. Il y a une atmosphère très particulière, on se sent emporté par l’histoire dès les premières minutes, envouté par Youri, sa passion, sa détermination, on explore avec lui les couloirs de sa cité. En découvrant la situation familiale de Youri, on comprend que quitter la cité Gagarine est plus dure pour lui que pour n’importe qui d’autre. Le film arrive à faire comprendre à quel point ça peut être douloureux de devoir quitter un foyer qu’on a toujours connu même si celui ci n’est pas en bon état, à quel point ça peut être un choc de voir démolir le lieu dans lequel on a longtemps vécu.

Gagarine: Lyna Khoudri

Les habitants qui quittent progressivement la cité, la vie que Youri se créee dans la cité fantôme, construisant un cocon basé sur les modules de la station spatiale internationale, l’amitié avec Diana et Dali le dealer de cannabis locale, j’ai adoré chaque moment du film, parfois drôle, parfois touchant, voir dramatique. J’ai adoré aussi l’esthétisme du film, c’est envoutant, ça vous emporte dans un autre monde. Une belle mise en scène, le tout porté par un très bon casting, tous excellents dans leurs rôles respectifs, seul bémol une fin un peu frustrante (les films français on souvent du mal à conclure leurs histoires); bien que compréhensible, on aurait aimé savoir ce que deviennent Diana, Youri et Dali.

Médecin de nuit

de Elie Wajeman

Vincent Macaigne, Pio Marmai, Sarah Giraudeau, Sarah Le Picard

3,5/5

Mickael est médecin de nuit. Il soigne les gens des quartiers populaires parisiens en fonction des appels que le dispatcheur reçoit. Il aide également régulièrement les toxicomanes en leur faisant des ordonnances du subutex. Mais en parallèle, il fournit certains dealers en fausse prescription de subutex pour aider son cousin Dimitri, pharmacien, qui est criblé de dettes. Mais un soir, Mickael remet tout en question. Après un ultimatum lancé par sa femme, Mickael décide d’arrêter les combines et de recommencer à zéro.

Médecin de nuit: Vincent Macaigne, Pio Marmai
Médecin de nuit: Vincent Macaigne

Décidément, en ce moment bonne pioche dans les films français. Après Gagarine que j’ai beaucoup aimé, voici Médecin de nuit. Le film se déroule sur l’espace d’une soirée et d’une nuit. Le film est court, le rythme bien soutenu, on fait connaissance avec Mickael, son quotidien de médecin de nuit, père de deux enfants, on est surpris par la violence physique qui sommeille derrière la bienveillance du docteur. On sent que le personnage est à un tournant de sa vie, et chacune de ses décisions le mèneront sur la bonne ou mauvaise voie. L’histoire est assez classique, je me suis laissée surprise par la fin, c’est sombre sans être pour autant déprimant, et malgré les gros défauts du personnage principal, on ne peut s’empêcher de le trouver sympathique et attachant. A voir surtout pour la performance de Vincent Macaigne dans le rôle de Mickael, excellent.

Dernière séance: Nomadland

Nomadland

de Chloé Zhao

Frances McDormand, David Straithairn, Linda May, Charlene Swankie, Bob Wells

4/5

Dans la petite ville de Empire, en 2011, la crise économique a entrainé la fermeture de l’usine de plâtre qui fait vivre la ville et ses habitants. Fern, déjà endeuillée par la mort de son mari, perd tous ce qui fait sa vie, sa ville, sa maison, les habitants, ses amis. La ville étant devenue vide de vie, Fern n’a plus d’autre choix que de partir. Ne sachant où aller elle s’installe dans sa camionette aménagée en camping. Après avoir travaillée comme saisonnière pour amazon le temps des fêtes de fin d’année, Fern décide de suivre une amie dans un camp installé dans le désert, dans lequel se réunit ceux qui vivent de manière ambulante, dans des camping car, van, camionette et qui parcourt le pays. Elle y récolte conseils et astuces. Ainsi Fern entame une nouvelle vie de nomade, parcourant le pays au gré des boulots saisonniers qui lui permettent de vivre

Nomadland

Dès les premières minutes du film on est touché par la violence discrète que renferme certaines scènes. Apprendre qu’une ville entière peut être définitivement rayée d’un pays suite à une crise financière, avec annulation d’un code postal, c’est violent. Fern déjà veuve, perd tous ce qui l’a rattachait à son passé heureux. Sa maison, sa ville devenue ville fantôme et les habitants qu’elle connaissait bien. Une maison qui ne vaut rien dans une ville qui n’est plus, quelques cartons enfermés dans un box et sa vielle camionette dans laquelle Fern décide de vivre.

Nomadland

Fern devenue nomade, parcours le pays dans sa camionette. Elle fait des rencontres, parfois éphémères, parfois plus longues, mais toujours prodondes. Les parcs nationaux en été où elle travaille comme agent d’entretien ou d’accueil, le Nebraska en automne pour le ramassage des betteraves, amazon à noel. On découvre un mode de vie qui rejette le traditionnel maison, voiture, enfants, métro, boulot, dodo. Certains n’ont pas vraiment le choix comme Linda May qui après avoir élevé deux enfants et avoir travaillé depuis l’âge de 12 ans, ne se voit proposer que 500 dollars de retraite, David lui fuit ses erreurs passées, Swankie cherche à vivre de jolies choses avant de rendre les armes, certains sont en quête de liberté en prenant la route, d’autres refusent d’attendre la retraite pour vivre de belles choses. Certains veulent changer de vie, d’autres veulent retrouver une liberté perdue, d’autres veulent fuir des drames personnels, ou se détacher de biens matériels. J’ai apprécié qu’il n’y ait ni drame exceptionnel, ni rebondissements mélodramatiques. Des touches d’humour, des liens qui se font ou se défont, de jolies moments, d’autres plus difficiles, l’occasion de voir de belles images.

Nomadland: Frances McDormand, David Strathairn

Contrairement à ce que je pensais Nomadland ne parle pas vraiment des effets de la crise économique; le film est plutot une critique du mode de vie des pays occidentaux qui aurait perdu tout sens. Le film aborde un peu les effets de la crise économique mais parle également de crise sociale, du mal être. Nomadland parle également de deuil sous différentes formes. Fern et beaucoup d’autre personnes qu’elle rencontre ne se remettent pas ou difficilement de la perte d’un être cher.

Nomadland

Chloé Zhao nous filme une amérique loin des sentiers battus, des paysages grandioses mais aussi des moments plus difficiles. Elle ne fait pas la publicité de cette vie nomade qui aurait pu être montrée de manière idéalisée. Ici la réalisatrice nous montre les bons côtés de cette vie atypique mais également les difficultés, le manque de confort, l’incertitude. Mais le plus gros point fort reste bien sur la présence de Frances McDormand. Toujours aussi excellente, elle nous emmène dans ce voyage, dans la découverte de qui elle est vraiment. Frances McDormand crève l’écran, elle sait faire passer des émotions avec peu ou pas de mots, elle est lumineuse. A voir.