
de Ari Aster
Florence Pugh, Jack Reynor, Will Poulter
4/5
Dani, une jeune étudiante, se remet très difficilement de la mort tragique et brutale de ses parents et de sa sœur. Elle se raccroche à Christian, son petit ami depuis les trois dernières années, malgré son manque d’engagement vis à vis d’elle. Ce dernier souhaite rompre avec Dani, mais n’osant pas le faire alors qu’elle est toujours en deuil, il décide de l’inviter à un voyage d’été en Suède. Christian et ses deux amis, Josh et Mark ont été invité par leur ami suédois, Pelle, pour participer à la célébration du solstice d’été organisée par la communauté dans laquelle Pelle a grandit. Les 4 américains se retrouvent au sein de cette communauté qui semblent avoir des rites et des coutumes ancestraux. Perdu en pleine nature suédoise, chacun est venu pour des raisons différentes: Christian et Josh espèrent pouvoir finir leur thèse d’anthropologie en étudiant les coutumes de cette communauté, Mark lui espère juste pouvoir profiter des jolies suédoises, quant à Dani elle espère pouvoir faire son deuil et tourner la page.


J’étais très curieuse de voir Midsommar, même si j’ai eu un peu de mal à me motiver. Je n’avais pas envie de voir un film qui serait déprimant ou choquant. Le film dure 2h30 et on ne voit pas le temps passé, aucune longueur. Si la bande annonce nous laisse penser que Midsommar est plus un film d’horreur à l’intrigue classique (des jeunes étudiants coincés dans un lieu d’abord sympathique et qui se révèle de plus en plus sombre), il possède en réalité plusieurs niveaux de lecture.

On peut le voir comme un simple film d’horreur, une communauté isolée dans la nature pour fêter le solstice d’été, accueillante, gentille et très polie, mais qui cache en réalité des rites et coutumes qui paraissent vite horribles pour les touristes en visite. Mais on peut aussi voir Midsommar comme un film sur la nature humaine, sur le deuil, sur sa relation à l’autre. Rien de mieux qu’un voyage dans un lieu inconnu pour découvrir la vraie nature et la vraie personnalité des gens que vous côtoyez au quotidien et que vous pensez connaitre. Notamment le personnage de Christian, le parfait pote qui joue le rôle du fiancé persécuté par sa copine qu’il présente à son entourage comme hystérique et lourdingue. Il souhaite rompre avec Dani mais ne le fait à aucun moment, préférant l’inviter à leur voyage en Suède plutôt que de rompre, car Christian est un personnage lâche, feignant, cherchant la facilité. Il cache son manque total d’empathie envers les autres en jouant son rôle de gentil garçon en société. Josh, l’un de ses meilleurs amis, fera les frais de cette hypocrisie, de sa lâcheté, tout comme Dani qui découvrira bien vite que Christian a bien caché son jeu, montrant son arrivisme, sa lâcheté et son absence d’émotion. C’est simple, il ressemble tout à fait à un sociopathe.

Au travers du personnage de Dani, le film nous parle du deuil. Comment faire son deuil, tourner la page, aller de l’avant. Midsommar nous parle également de la communauté face à l’individualité. La communauté de Pelle fait passer le collectif toujours avant l’individu. L’individu lui même n’a presque pas d’existence dans cette société. Chacun à un rôle à jouer, selon son âge et selon ses talents, pour le bien de la communauté, sa survie et sa pérennisation. Tout le contraire du comportement des 4 étudiants étrangers. Lorsqu’une personne souffre c’est toute la communauté qui souffre, les autres mimant les cris et les douleurs physiques de ceux qui souffrent, comme pour alléger les souffrances de l’un des leurs, en partageant leurs émotions. Cette communauté et ce choix de vie n’est pas sans hypocrisie aussi…

Le film possède une atmosphère bien particulière, certaines scènes sont très étranges et d’autres très dérangeantes et brutales, Midsommar n’est pas pour tout le monde, il peut choquer. On pardonnera le comportement parfois pas très malin ou pas très crédibles des personnages, du au fait que leurs hôtes passent leur temps à leur faire boire des tisanes hallucinogènes. Midsommar est un film très intéressant, prenant, dérangeant, qui remue et avec la confirmation que Florence Pugh est une excellente actrice.

De Quentin Tarentino
Brad Pitt, Leonardo Dicaprio, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margeret Qualley, Bruce Dern, Al Pacino, Damian Lewis, Dakota Fanning, Kurt Russell
4/5
En 1969, Hollywood est en pleine mutation. Les années 60, les gentlemen en smoking, les dames déguisées en vraie poupée, sont révolues. Les années 70 pointent leur nez, la mode change, les mœurs aussi, les valeurs hollywoodiennes ne font pas exception. Rick Dalton est un acteur sur le déclin, lui aussi à un tournant de sa vie. Sa carrière d’acteur avait bien commencé, en décrochant le rôle principal dans un western télévisé qui raconte le quotidien d’un chasseur de prime. Sa doublure cascade Cliff a bien vécu durant les 8 années que dure la série, mais dorénavant c’est les vaches maigres pour l’acteur et sa doublure. Alors que Rick décroche un rôle secondaire dans un western, Cliff peine à trouver un boulot de cascadeur à cause de sa réputation. Sous des airs d’homme calme et serein, Cliff a tendance à laisser parler les poings, sans parler des doutes concernant la mort de sa femme, que Cliff aurait peut être assassiné. Entre deux crises de doutes et de soulerie, Rick garde espoir de voir sa carrière reprendre un second souffle, surtout quand il découvre que ses voisins ne sont autre que Sharon Tate et Roman Polanski.

Le dernier né des films de Tarantino dure tout de même 2h45! même si c’est parfois long quand on est assis dans un fauteuil sans bouger, le film n’ennuie pas une seconde. J’ai beaucoup aimé suivre le duo de l’acteur sur le retour et de sa doublure Cliff, leur relation, leurs discussions. Rick est un acteur qui se prend très au sérieux, qui est resté figé dans les années 50 et 60, et ne comprend pas très bien cette nouvelle ère qui commence à pointée, celle des hippies. Rick est un acteur stressé, peu sur de lui au finale, qui doute beaucoup. J’ai beaucoup aimé la longue partie durant laquelle on le voit sur le tournage de ce nouveau western, un rôle secondaire mais qui lui tient à cœur. Sa manière de s’investir à fond et sa relation avec une enfant actrice. Rick est un acteur à fleur de peau, trop émotif. A l’inverse de Cliff, sa doublure, toujours la maitrise de soi et de ses émotions, tout sous contrôle. Il incarne la force tranquille, car si de prime abord il semble être calme, Cliff devient vite violent quand on le cherche. Et même dans la violence, Cliff garde un contrôle non pas de sa violence mais de ses émotions; Tout est résumé dans sa relation avec son chien, notamment quand il est l’heure de la nourrir.


En arrière plan bien sur, c’est aussi le meurtre horrible de Sharon Tate, enceinte de 8 mois, et de ses invités. On suit Sharon dans son quotidien de jeune actrice, sa relation avec Roman Polanski et avec son meilleur ami. La tuerie perpétrée par plusieurs disciples de Charles Manson est revue et corrigée selon le fantasme du réalisateur (fantasme partagé). J’ai adoré voir la scène finale donc, dans laquelle les choses ne se passeront pas comme dans les faits réels, notamment grâce à Cliff. Comme sait le faire Tarentino, c’est un mélange de violence pure et d’humour tordu.


Once upon a time in Hollywood c’est prenant, bien interprété, bien réalisé, on retrouve le style de Tarentino dans certaines scènes. J’ai beaucoup aimé les personnages, leurs interactions, l’époque dans laquelle les héros ne se sentent pas à leur place. J’ai beaucoup aimé la revisite de la réalité historique. Des trouvailles scénaristiques, des scènes parfois longues sur un détail et pour autant jamais ennuyant.

de Lee Won Tae
Ma Dong Seok, Kim Yu Yeol
3/5
Jang Dong Soo, un chef de gang redouté et respecté, est gravement agressé par un inconnu après un accrochage sur l’autoroute. Il s’agit en fait d’un tueur en série qui frappe au hasard après avoir fait exprès d’accrocher la voiture de sa future victime pour la forcer à s’arrêter. Mais Dong Soo n’est pas une victime comme les autres et arrive à blesser et à faire fuir l’assassin. Jeong Tae Seok, inspecteur de police qui aime titiller les gangster sous les ordres de Dong Soo, souhaite être le flic qui arrêtera le tueur en série. Mais sa hiérarchie en est encore à se demander s’il s’agit bien d’un assassin en série et ne souhaite pas aller plus loin. Les deux hommes que tout opposent vont alors s’allier et mettre en commun leurs ressources pour arrêter cet assassin, chacun pour des raisons différentes.

J’adore le cinéma coréen alors je n’ai pas hésité avant d’aller voir ce film. Le concept de l’histoire est assez classique, le gangster intouchable qui s’allie à un inspecteur frustré afin d’arrêter un tueur en série qui frappe au hasard. Si le film était américain, il est clair que les deux hommes auraient fini meilleurs potes à la fin du film mais heureusement on est en Corée du sud, et les choses sont plus complexes que ça.

Dong Soo souhaite à tout prix arrêter le tueur pour en faire un exemple auprès de ses hommes et de ses concurrents, car sa réputation en a pris un sacré coup: lui le chef de gang redouté, envoyé à l’hôpital par un inconnu qui l’agresse dans la rue. La concurrence voit là une faiblesse qu’il faut exploitée. De son coté, Tae Seok, flic frustré par le manque de réaction de sa hiérarchie face aux gangs, espère jouer les héros et les supers flics en étant celui qui arrêtera le tueur en série dont tout le monde parle. En arrière plan on peut voir la protection des gangs par la police grâce à des hauts fonctionnaires corrompus, payés pour regarder ailleurs et pour faire regarder ailleurs les policiers sous leurs ordres.

J’ai trouvé Ma Dong Seok, dans le rôle du chef de gang, très bon. La force tranquille, l’homme ne pers pas souvent son sang froid, en tout cas pas sans une bonne raison et quand il frappe, on le voit pas toujours venir et ça frappe dure! J’avais déjà vu l’acteur dans Le bon la brute et le cinglé et dans Dernier train pour Busan. Par contre j’ai été assez agacé par le jeu de Kim Yu Yeol qui joue le rôle du flic. Il en fait des caisses, parfois c’est vraiment trop au point qu’il en devient agaçant. Un bon divertissement, de l’action, de la violence, de l’humour, le film ne se prend pas au sérieux et j’ai bien aimé la fin.