Pour le mois de janvier, bon la programmation ne m’a pas particulièrement fait saliver, si ce n’est A man. Je voulais également voir Making Off et Godzilla Minus one dont j’ai entendu beaucoup de bien mais sorti dans peu de salles et pour peu de temps!
de Sofia Coppola
Cailee Spaeny, Jacob Elordi
3/5
L’histoire de la jeune et jolie Priscilla, connue pour avoir épousée Elvis. A à peine 15 ans, Priscilla rencontre Elvis alors qu’il fait son service militaire en Allemagne et qu’elle est expatriée avec sa famille dont le beau père est militaire. Priscilla n’a pas ou peu d’amis car obligée de déménager régulièrement pour suivre les mutations du beau père. Invitée à une soirée, Elvis et Priscilla sympathisent et débutent une romance platonique.
On passera sur la véracité de l’histoire, qui reprend l’autobiographie de Priscilla Priestley (dans le film Priscilla reste vierge jusqu’au mariage malgré une histoire qui dure plusieurs années et qu’elle vit sous le même toit qu’Elvis). Sofia Coppola, au delà du portrait de celle qui deviendra l’épouse d’Elvis, nous raconte l’émancipation d’une jeune fille naïve, manipulée, qui va apprendre à se connaître, va apprendre à découvrir ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle ne veut pas dans la vie. On l’a voit devenir adulte, prendre son envol loin de l’écrasante célébrité d’Elvis. Coppola nous montre une histoire d’amour étrange dans laquelle Elvis n’est pas non plus le maître de tout, lui même victime de son environnement.
Au final, une film esthétiquement jolie avec une actrice talentueuse qui sort du lot. Mais au delà de ça, l’histoire est un peu creuse, il ne se passe pas grand chose, et on se demande où se trouve l’intérêt de faire un film uniquement sur les quelques années de jeunesse d’une jeune fille qui découvre la vie.
de Yorgos Lanthimos
Willem Dafoe, Emma Stone, Mark Ruffalo
3,5/5
Dans un Londres du 19e siècle, le controversé docteur Goodwin, scientifique qui enseigne la médecine, rééduque la jeune Bella, une jeune femme qu’il a sauvé in extremis de la mort. Elle réapprend notamment à marcher, parler, manger, sans parler des règles sociales qu’elle ne connaît plus. Il charge son étudiant de noter toutes ses avancées et il ne tarde pas à tomber sous le charme de la jolie Bella. Mais cette dernière qui commence à sortir de son état catatonique, veut découvrir le monde. Alors quand Duncan, un avocat libertin, lui propose de l’accompagner pour un voyage à Lisbonne, Bella accepte. Le docteur Goodwin qui est un partisan du libre arbitre, met en garde Bella sur les intentions de Duncan avant de la laisser partir.
Le film se déroule à la fin du 19e siècle, dans une europe dystopique. Visuellement le film est très originale, la technologie de l’époque, des décors qui semblent être un mélange de dessins, de peintures, de bricolage, donne un côté onirique, comme l’impression d’évoluer dans le rêve de quelqu’un. C’est assez fascinant de suivre Bella dans la découverte du monde et de ses sens, loin de s’intéresser aux règles sociales de son époque, ou de se laisser démonter par les préjugés ou le regard d’autrui, libre de toutes conventions sociales et de toute moralité.
Pauvres créatures c’est une sorte de Frankenstein, dont la jolie créature aurait échappée à la haine collective, et serait partie découvrir le monde. Parfois le film est inutilement long, certaines scènes répétitives ou inutiles auraient pu être supprimées pour rendre le tout plus dynamique. On découvre finalement comment le docteur Goodwin a réanimé et rendu la vie à une jeune femme qui avait souhaité se suicider, on découvre sa vie d’avant, et après avoir découvert le mystère autour de Bella, la fin est assez jouissive. Un film original, visuellement créatif, avec un casting éblouissant que ce soit bien sur Emma Stone, Mark Ruffalo en libertin qui perd la tête et Willem Dafoe en scientifique flippant.
de Kei Ishikawa
Satochi Tsumabuki, Sakura Ando, Matsabata Kubota
4/5
La jeune Rie, qui tient une papeterie dans une petite ville, vit avec son fils de 8 ans et sa mère qui vient de perdre son mari. Rie elle même n’est pas au mieux: quelques années plus tôt elle a perdu son deuxième enfant agé de deux ans d’une maladie incurable, suivi d’un divorce. Elle sympathise avec un client qui vient régulièrement lui acheté de quoi dessiner. Ils finissent par se marier et vivent 4 années dans une parfaite harmonie. Daisuke se révèle être le parfait époux et parfait père aussi bien pour le fils ainé de Rie que pour leur fille. Mais tout s’écroule quand Daisuke meurt dans un accident du travail. Pour le premier anniversaire de la mort de son mari, Rie apprend que son mari avait usurpé l’identité d’un autre. Elle ne connait donc pas la véritable identité de ce mari mystérieux. Elle fait appel à l’avocat qui avait réglé son divorce pour découvrir la vraie identité du disparu. Il se lance dans une enquête compliquée et obsédante.
Le meilleur film de ce début d’année, j’ai beaucoup aimé A man. J’ai beaucoup aimé le rythme du film, la rencontre de Rie avec Daisuke, leur quotidien en tant que mari et femme, la vie après le décès de Daisuke, le réalisateur fait le choix de ne pas filmer certaines scènes auxquelles on aurait pu s’attendre, comme le mariage, la naissance de leur enfant, lorsque Rie apprend la mort de son mari dans de tragiques circonstances. J’ai trouvé que de filmer les scènes les moins puissantes en terme d’émotion rend l’histoire de Rie plus proche de la réalité du quotidien. On ne voit pas l’enterrement et le deuil des premiers jours, mais le premier anniversaire de la mort de Daisuke, on ne voit pas le mariage mais une journée classique de la famille.
La première partie nous montre l’histoire du point de vue de Rie, mais la seconde moitié suit l’avocat Akira Kido, cet avocat hyper efficace, digne et peu bavard mais qui souffre régulièrement du racisme japonais car il est d’origine coréenne. Sa femme, ses beaux parents, son fils, son métier, on le suit dans son quotidien. On le voit se perdre dans ce mystère et devenir obsédé par cette histoire. Son partenaire en affaire, beaucoup moins rigide que Akira apporte beaucoup d’humour au film.
A man distille un subtile suspense, on a hâte de voir le dénouement. Le film parle d’identité, de la volonté de certains de recommencer sa vie à zéro en faisant table rase, en laissant derrière le mauvais comme le bon. Un phénomène répandu au Japon sous le nom d’évaporation. Des personnages très intéressants, une histoire prenante, une belle réalisation et d’excellents acteurs.