Dernières séances: Godland – Les banshees d’Inerishin

Godland

de Hlynur Palmason

Eliott Crossett Hove, Ingvar Eggert Sigurosson, Victoria Carmen Sonne, Ida Mekkin Hlynsdotir

4,5/5

A la fin du 19e siècle, Lucas un prêtre danois est envoyé en Islande pour superviser les travaux d’une église et répandre la foi chrétienne. Très enthousiaste par ce voyage il débarque après une longue traversée, mais au lieu de débarquer directement dans le village, il débarque à plusieurs jours de marche dans le but d’admirer les paysages islandais et prendre des photos. En compagnie d’un traducteur danois-islandais, chargé de bouquins et d’un énorme appareil photo, il prend la route en compagnie de plusieurs islandais pour les guider à travers la nature sauvage et dangereuse.

On suit donc ce prêtre danois particulièrement antipathique. Ne faisant aucun effort pour communiquer avec les islandais qu’il prend de haut et s’en remettant toujours au traducteur, Lucas fait preuve d’arrogance et d’autorité ce qui aura des conséquences dramatiques sur leur voyage à travers la nature parfois dangereuse. D’autant qu’on découvre plus tard que Lucas avait tout à fait la possibilité de débarquer en bateau directement au village en question.

Le film se découpe en deux parties, la première nous raconte le périple du groupe à travers les montagnes recouvert de roches volcaniques, les rivières traîtresses, les cascades d’eau puissantes, les éruptions volcaniques. Le réalisateur prend le temps de filmer amoureusement la nature islandaises, ses paysages impressionnants, on ressent tellement bien la fraîcheur de l’air, l’humidité de la pluie constante, le froid. On a droit à une magnifique séquence longue mais hypnotisante d’une éruption volcanique et de coulée de lave qui refroidit au contact de l’air froid. La deuxième partie nous montre la vie de Lucas installé au village et supervisant de loin la construction de l’église. Lucas ne devient pas plus sympathique, toujours aussi arrogant, toujours aussi peu enclin à communiquer avec les islandais, excepté le notable du coin qui s’avère d’origine danoise.

J’ai beaucoup aimé Godland, la mise en scène est belle, les images et la lumières sont justes magnifiques, rien que pour ça le film vaut le coup, mais j’ai aussi été prise par l’histoire, on a envie de savoir ce qu’il va advenir des personnages. Si Lucas est antipathique, il en reste pas moins intéressant à suivre. On s’attache aussi aux personnages secondaires, Ragnar l’islandais un peu rustre, et surtout les deux filles du notable, en particulier Ida, attachante fillette d’une dizaine d’année. J’ai aimé l’ambiance, l’atmosphère du film, la photographie, la lenteur, ce côté hypnotisante des images. Un beau film.

Les banshees d’Inverishin

de Martin McDonagh

Brenda Gleeson, Colin Farrell,

4/5

Dans les années 20, sur une ile perdue au large des côtes irlandaises, la vie s’écoule lentement. Seule animation du patelin, le pub locale qui accueille les habitants désoeuvrés. Colm et Padraic sont amis depuis toujours mais du jour au lendemain Colm a décidé de ne plus adressé la parole à Padraic. Personne ne comprend vraiment la raison et Padraic tente tout, avec maladresse, pour essayer de faire changer Colm d’avis. Perdant patience face à l’insistance de Padraic, Colm lance un ultimatum à Padraic pour qu’il arrête de lui parler.

J’avais hâte de voir ce film car j’aime beaucoup le travail du réalisateur Martin McDonagh, 7 psychopaths, Bons baisers de bruges, et surtout le cultissime 3 billboards. Ici on suit une poignée d’habitants coincés sur une ile au large des cotes irlandaises. Padraic qui s’occupe de quelques bêtes et passe tout son temps libre au pub, Dominic l’idiot du village, Siobhan la soeur de Padraic qui aspire à une autre vie mais qui se sent responsable de son frère, et enfin Colm, l’ancien meilleur ami de Padraic. Ce dernier plus âgé, voit la fin de sa vie approchée et ne supporte pas n’avoir rien accomplit dans sa vie et estime qu’une des raisons c’est le temps perdu à parler de choses futiles avec Padraic qu’il considère creux. Colm veut du temps pour penser et surtout composer de nouveaux morceaux de musiques. Ce chamboulement se fait sous les yeux du propriétaire du pub qui ne veut pas choisir de camp, la vieille sorcière du village qui semble tout comprendre ou le flic mauvais et violent, père de dominic.

J’ai beaucoup aimé la relation étrange entre Padraic et Colm, la violence qui découle de leurs non dits ou de leurs mots en trop, on suit avec intérêt l’évolution des personnages et les conséquences de leurs actions. J’adore Brendan Gleeson et j’ai été servi comme d’habitude, il est excellent dans le rôle de cet homme qui remet en question sa vie, qui a une tendance à la dépression. Mais j’ai surtout été impressionné par la performance de Colin Farrell excellent dans le rôle de Padraic, sa solitude, son incompréhension face aux agissements de Colm, sa relation avec sa sœur. Si le film est parfois violent, triste ou sombre, il y a aussi beaucoup d’humour. Un très bon film pour finir une année mitigée.

Dernière séance: Les bonnes étoiles de Hirokazu Kore Eda

de Hirokazu Kore Eda

Song Kang Ho, Bae Doona, Gang Gong Won, Iu, Lee Joo-Young

4/5

En Corée du Sud, à Busan, une jeune femme abandonne son bébé dans une « boite à bébé », une sorte de couveuse enfoncée dans le mur d’un orphelinat qui permet aux femmes qui le souhaitent d’abandonner leurs bébés en toute discrétion. Au même moment, deux inspectrices surveillent en permanence l’orphelinat car elles soupçonnent certains employés de s’adonner au trafic de bébé. Effectivement, deux hommes dont un bénévole à l’orphelinat, ont mis en place un trafic: ils vendent les bébés abandonnés à des familles désireuses d’avoir des enfants et qui sont assez riches pour payer le prix demandé. Mais malheureusement pour eux, So Young, la jeune femme qui vient d’abandonner son bébé, revient sur sa décision et veut le récupérer. Les deux hommes décident de mettre dans la confidence la jeune femme pour l’empêcher de se rendre à la police et lui propose une partie de la somme qu’ils vont touchés pour la vente de son fils. Les trois marginaux prennent la route pour rencontrer les nouveaux parents sans savoir que la police les suit.

Évidemment en grande fan de Hirokazu Kore Eda, je me suis précipitée pour voir son dernier film. Cette fois-ci, le réalisateur japonais situe son histoire en Corée du sud, avec des acteurs coréens. On retrouve les thèmes de prédilection de Hirokazu Kore Eda, la famille, les liens que les humains se créent et qui sont parfois plus fort que les liens du sang, ce questionnement sur les liens familiaux, sur ce qui fait qu’un groupe de personnes forment ou pas une famille. On retrouve aussi la relation avec la nourriture, et si cette fois il n’y a pas de grand mère qui cuisine de bons petits plats, on passe beaucoup de temps à regarder les personnages mangés, tout le temps.

Je ne connaissais pas du tout le concept de la boite à bébé, j’ai d’ailleurs pensé qu’il s’agissait de quelque chose inventé pour les besoins du film et de l’histoire mais après m’être renseigné, il s’avère que les boites à bébé existent bien en Corée du Sud. Elles existent aussi au Japon dans certaines régions mais surtout en Corée du Sud et permettent aux femmes qui ne peuvent élever leurs bébés de les abandonner en toute sécurité.

J’ai beaucoup aimé suivre ces trois personnages sur la route à la recherche d’une famille parfaite pour le fils de So Young: le gérant d’un pressing qui doit de l’argent à des malfrats, le jeune associé, lui même abandonné par sa mère quand il était petit, qui se désespère à chaque bébé abandonné et la jeune So Young qui est dépassée par sa maternité. Il y a également le point de vue des deux femmes policières, une plus âgée que l’autre, qui ont chacune leur opinion sur les faits et gestes des deux trafiquants de bébé et sur le comportement de So Young. Au fil du film on apprend à connaitre ces personnages, à découvrir leurs passés, leurs fêlures, leurs traumatismes, tout ce qui fait qu’ils en sont arrivés là où ils sont. Rien n’est tout blanc ou tout noir.

Encore une fois une réussite pour Hirokazu Kore Eda, on ne se lasse pas de voir ses histoires de familles, de liens, d’amitié, que ce soit au Japon ou en Corée, interprété par de très bons acteurs, en particulier Song Kang Ho, que j’ai vu dans beaucoup de films coréens. Après une année cinéma vraiment terme, il relève le niveau pour 2022.

Dernières séances: Armaggedon time, Amsterdam, fumer fait tousser, Le menu

de James Gray

Anthony Hopkins, Ann Hathaway, Banks Repeta, Jeremy Strong, Jaylin Webb

3/5

Au début des années 80 dans le Queens à New York, le jeune Paul vit ces derniers jours d’insouciance. Dans sa famille d’origine juive, ces parents travaillent dure pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Si l’aîné est inscrit dans un prestigieux lycée privé grâce à l’aide financière du grand père maternelle, Paul lui est scolarisé dans le public qui se dégrade d’année en année. Il se fait très vite un nouvel ami, Johnny qui est élevé par une grand mère sénile. Mais la personne préférée de Paul reste son grand père avec qui il a une relation fusionnelle.

A chaque fois ou presque que James Gray sort un film en France, les critiques presses sont dithyrambiques que ce soit the lost city of z, the yards, la nuit nous appartient, the immigrant. Et ce film ne fait pas exception, la presse française adore. Personnellement, je ne suis pas une grande fan des films de Gray. J’ai bien aimé the yards bien que je l’ai trouvé un peu ennuyant, la nuit nous appartient m’a plus plut, et the immigrant m’a ennuyé. Finalement ce sont les films de genre, the lost city of z et surtout ad astra qui m’ont le plus plut dans sa filmographie.

Armaggedon time se situe plus dans la veine de the immigrant et the yards que du reste, il s’agit d’une chronique familiale qui s’inspire de la culture et de l’enfance du réalisateur, avec New York et en particulier le Queens. Contrairement à The immigrant ou The yards, il n’y a pas de trame dramatique, historique ou policière, Armaggedon time nous raconte le quotidien assez banale d’une famille de la classe moyenne. Des parents qui luttent pour élever correctement leurs deux garçons, des repas de famille, une relation filiale intense entre le grand père et son petit fils préféré, et rien d’autre. On ne s’ennuie pas, mais il ne se passe pas grand chose durant le film, des bêtises d’enfants, des comportements dont les conséquences ne sont pas bien mesurées par le héros Paul qui est à un âge où on oscille encore entre insouciance et fin de l’insouciance, une reconstitution du New York des années 80 intéressante et c’est tout. Contrairement à la presse française, j’ai trouvé le film sympa à voir, interprété par de bons acteurs mais qui ne me marquera pas longtemps.

de David O’Russell

Christian Bale, John David Washington, Margot Robbie, Chris Rock, Anya Taylor Joy, Zoé Saldana, Robert de Niro, Rami Malek

3/5

Dans les années 30 à New York, deux amis de longue date, Burt médecin et Harold avocat, sont témoins du meurtre d’une jeune femme qui était venue demander leur aide. Poursuivi par la police qui les croient coupables, ils tentent de prouver leur innocence en révélant au grand jour un complot pro nazi et anti démocratique.

Avec un casting pareil, difficile de ne pas avoir envie d’aller voir Amsterdam. Le film nous conte l’amitié hors norme de deux hommes qui se rencontrent pendant la 1ère guerre mondiale et que les épreuves vont rapprochées. Ils passeront plusieurs années en compagnie de leur infirmière Valerie Voze à Amsterdam, où ils vivront leurs meilleures années. L’histoire du complot s’inspire d’une histoire vraie, aux Etats Unis, avec un générale de l’armée US qui avait raconté avoir été approcher par plusieurs hommes d’affaires millionnaires pour lui demander d’organiser un coup d’état et renverser Roosevelt afin d’établir une dictature militaire.

Certains moments sont bien réussis, bien sur Christian Bale est toujours géniale dans ce rôle de vétéran, médecin expérimentant des traitements contre les douleurs et handicaps des soldats survivants de la première guerre mondiale. Beaucoup de grosses stars, une histoire farfelue, parfois trop, ça part un peu dans tous les sens, et surtout une fin un peu lourde avec explication sur explication sur explication pour être sur que le spectateur a bien tout saisi. Un film pas inoubliable.

De Quentin Dupieux

Gilles Lellouche, Anais Desmoutier, Vincent Lacoste, Oulaya Amamra, Jean Pascal Zadi

3,5/5

Le tabac force est un groupe de 5 super héros justiciers en collants prêt à sauver la terre des méchants. Benzène, Méthanol, Nicotine, Mercure et Ammoniaque allies leurs forces pour combattre et vaincre les méchants. Leur chef « chef Didier » estime que les individualismes ressortent trop au détriment du collectif et décide de les envoyer en retraite une semaine afin de renforcer la cohésion du groupe.

Avec Quentin Dupieux il ne faut pas s’attendre à une histoire logique et il ne faut pas s’attendre à ce que le scénario aille quelque part et son dernier film ne fait pas exception. On suit ce groupe de 5 justiciers ou super héros, habillés comme des biomans, se battant comme des biomans, contre des créatures aussi fausses que celles qu’on voit dans bioman. Et leur chef qui ressemble au maître rat des tortues ninjas. Bref on plonge un peu dans les années 80. Envoyés en retraite pour reconstruire le collectif du groupe, les 5 justiciers tentent de se détendre en se racontant des histoires qui font peur. Si l’atmosphère est comique, on ne rigole pas tout le temps, l’humour de Quentin Dupieux est particulier et personnellement j’aime bien. On ne s’ennuie pas du tout, j’ai pris plaisir à écouter les histoires parfois absurdes, parfois gores, toujours décalé, racontées par les personnages, des histoires dans l’histoire. Le format est court, le film dure 1h17 et c’est tout à fait ce qu’il faut avec ce genre de film.

de Mark Mylod

Ralph Fiennes, Ana Taylor Joy, Nicholas Hoult, Hong Chau, Judith Light, John Leguizamo, Janet McTeer

3,5/5

Margot accompagne à la dernière minute son nouveau petit ami Tyler, dans un restaurant gastronomique d’exception à la réputation sans faille. Le restaurant se situe sur une île à 3 ou 4 minutes de bateau de la côte. En total autarcie, toute l’équipe du chef, des cuistots aux serveurs en passant par les hôtes d’accueil, vivent sur l’île dans le même dortoir sous les ordres du chef. Chaque soirée, le restaurant n’accueille que douze convives, chacun ayant réservés des semaines à l’avance. Parmi les clients du jour, un couple âgé habitué des lieux, un acteur has been accompagné de son agent, trois amis collègues travaillant pour l’une des entreprises les plus puissantes du monde, une critique gastronomique qui a lancé la carrière du chef accompagné de son assistant, Margot et son ami et la maman du chef. Mais alors que les plats s’enchaînent, l’atmosphère est de plus en plus étrange, dans la salle.

Un huis clos sur une ile, la nuit, 12 personnes qui ne se connaissent pas venus déguster un menu gastronomique de haut vol, un chef étrange qui sombre dans le mysticisme un peu plus à chaque plat avant que tout ne bascule dans l’horreur. Sans trop en dévoiler, le film n’a pas vraiment de sens. On ne comprend pas vraiment le pourquoi de la folie collective du chef et de ses commis dévoués, abîmé par le système, mais en sortant du film finalement, on est pas gêné par cette absurdité car comme souvent dans les faits divers violent ou dramatique, la raison qui pousse le bourreau à exercer la violence n’est pas proportionnelle avec les actes barbares dont il se rend coupable. Si on accepte ça, le menu reste un film prenant à voir, on a envie d’aller au bout de ce repas ultime avec les convives, que l’on regarde surtout au travers des yeux de la jeune Margot qui n’était pas sensée être présente ce soir là. De l’humour noir, un petit suspense (on est pas du tout surpris par la fin), et un film fluide qui n’est ni lourd ni ennuyeux.

Dernières séances: Coup de théâtre – Don’t worry darling – Everything everywhere all at once

de Tom Georges

Sam Rockwell, Saoirse Ronan, Harry Dickinson

3.5/5

Dans les années 50 à Londres, la pièce de théâtre the mousetrap, écrite par Agatha Christie, vient de donner sa 100e représentation. L’équipe fête le succès de la pièce dans les coulisses lorsqu’on découvre le cadavre du futur réalisateur américain sensé adapter la pièce pour le cinéma, assassiner à coup de machine à écrire dans les coulisses. L’inspecteur de scotland yard est chargé de l’enquête et doit en même temps former la jeune stagiaire.

Comment résister à un film avec Sam Rockwell dans le rôle principal? évidemment j’y suis allée et puis j’ai toujours beaucoup aimé les films policiers du style « whodonit », basé sur le fait qu’on doit découvrir l’identité du tueur parmi toute une brochette de suspects désignés.

L’histoire est donc assez classique, un lieu clos, un meurtre, un cadavre, une brochette de suspects qui avait tous une bonne raison d’assassiner la victime. Sans rien révolutionner, le film reste charmant à regarder, un bon divertissement, de bons acteurs, un jolie suspense et des clins d’œil, notamment l’immeuble dans lequel se rend l’inspecteur pour interroger un suspect n’est autre que l’immeuble d’Hercule Poirot qu’on peut voir dans la série télé. Le film se moque aussi gentillement de la pièce d’Agatha Christie, Mousetrap, que j’ai vu à Londres il y a quelques années et que j’avais moyennement apprécié.

d’Olivia Wilde

Florence Pugh, Chris Pine, Harry Style, Olivia Wilde

3.5/5

Alice et Jack vivent la parfaite vie d’un couple marié des années 50 américaine. Une jolie maison dans un quartier résidentiel, dans la ville parfaite de Victory, ville fabriquée de toute pièce perdue au milieu du désert et autosuffisante pour héberger tous les employés de l’entreprise mystérieuse Victory ainsi que leurs familles respectives, pour le bon plaisir du fondateur, Frank. Tout parait idéal, les maris partent bosser sur des projets top secret, dans les bâtiments top secret dans le désert, les épouses restent gentillement en arrière à s’occuper de la maison et des enfants quand il y en a. Ainsi Alice, à l’instar des autres épouses, a une routine bien rodée. Bisou sur le perron au mari, nettoyage de la maison, activité avec les copines/voisines, soit en cours de danse soit à boire des cocktails devant la piscine de la ville, retour maison pour préparer le diner, et accueil du mari avec verre de scotch à la main. Mais tout bascule quand Margaret, une des voisines, perd la tête et se suicide. Alice commence à avoir des visions et autres choses étranges.

J’en avais beaucoup entendu parler pour les nombreux déboires dont à souffert le tournage et autres déboires étranges pendant la promo du film. J’étais quand même curieuse de voir ce que ça donnerait.

On rentre tout de suite dans l’atmosphère du film, cette ville des année 50 perdue au milieu du désert, en total autarcie, le shopping gratuit, les cocktails au bord de la piscine, les épouses aux tenues, maquillages et coiffures parfaites, les maris impeccables qui partent bosser tous les matins. On suit Alice dans son quotidien parfaitement réglé, assumé, apprécié et puis la jolie Alice tombe dans le terrier du lapin et découvre un autre monde.

Je ne rentre pas dans les détails pour ne pas spoiler, la révélation finale est surprenante sans vraiment l’être finalement, c’est originale sans vraiment l’être non plus! Olivia Wilde nous dépeint le fantasme d’un homme qui ne se sent plus homme au sens vieillot du terme et pose la réflexion de la place de l’homme, de la femme, du couple dans notre société. Le fantasme du héros est forcément erroné, bien qu’il ne s’en rende pas compte dans le film, ce n’est pas pour rien que la société a violemment évoluée pour échapper à ces règles sociales liées à cette époque.

Un film intéressant, une histoire prenante et comme d’habitude une Florence Pugh géniale dans ce rôle, c’est vraiment une actrice talentueuse, elle porte le film sur ses épaules et éclipse le reste du casting.

De Dan Kwan, Daniel Scheinert

Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, Stéphanie Hsu, Jamie Lee Curtis

3,5/5

Evelyn Wang est à un tournant de sa vie. Mariée et mère d’une jeune femme qui tente de trouver sa voie, Evelyn s’occupe de la laverie automatique qu’elle possède avec son mari et s’occupe de son père, vieux et malade. Alors qu’elle se rend avec son père et son mari dans les bureaux de l’IRS pour régulariser sa situation vis à vis des impôts, elle est contacté par une version alternative de son mari, qui lui explique que le multivers est réel et qu’un nombre infini de mondes parallèles existent. Il y aurait donc un nombre infini de version de son mari et d’elle même à travers le multivers. Dans le monde de ce mari alternatif, la technologie permettant de sauter d’un monde parallèle à l’autre existe et c’est la Evelyn de son monde qui a découvert cette technologie. Cependant en la poussant trop loin et en la testant sur sa propre fille, elle a transformée la jeune femme en terrible monstre une sorte de trou noir assoiffé qui tente de détruire tous les mondes parallèles. Il est persuadé que la rédemption se trouve dans cette version très ordinaire de son Evelyn.

J’en avais entendu beaucoup de bien mais honnêtement en sortant de la salle je ne savais pas trop quoi penser de ce film. Parfois intelligent, parfois drôle, parfois complètement absurde, parfois brouillon, parfois trop bordélique. Everything everywhere all at once porte bien son nom. Au départ je pensais que l’histoire se contenterait de suivre une Evelyn à la vie un peu insipide qui découvre ces vies alternatives et voit ce qu’elle aurait pu devenir dans d’autres circonstances. Et si elle avait décidé d’écouter son père et de ne pas se marier avec son copain et de ne pas partir s’installer aux États Unis, quelle aurait été sa vie?

Finalement, le film est bien plus que ça pour le meilleur et pour le pire. Passer les 20 premières minutes un peu fatigantes à regarder, on se laisse entraîner dans le délire des réalisateurs. Des originalités et excentricités qui parfois passent bien et d’autres moins bien, des moments drôles, en particulier le personnage de l’inspectrice de l’IRS joué par Jamie Lee Curtis et des scènes absurdes qui s’enchaînent, là aussi parfois pour le meilleur et parfois pour le pire. Il y a parfois un côté un peu hystérique. On sort de la séance un peu épuisé.

Dernière séance: 3000 ans à t’attendre

De George Miller

Tilda Swinton, Idris Elba

2/5

Alithéa, anglaise spécialiste dans l’art de la narration et des histoires, est en Turquie pour une conférence. Après avoir acheté une fiole ancienne en cristal, elle découvre qu’elle renferme un djinn, enfermé depuis plus d’un siècle. Il lui explique qu’elle a droit à 3 vœux mais Alithéa connaît les nombreuses histoires des djinns et des vœux qui se retournent souvent contre ceux qui les formules. Le djinn se met alors à raconter son histoire personnelle qui commença 3000 ans plus tôt, au temps de la reine de Saba.

Une histoire de djinn, de vœux, Idris Elba qui raconte son histoire, un djinn coincé dans sa bouteille, ses rencontres avec la reine de Saba et Soliman le magnifique, Tilda Swinton en conteuse professionnelle qui a envie de boire les paroles du djinn mais qui reste en même temps sur ses gardes. Tout ça aurait pu énormément me plaire, me parler, me charmer mais la mayonnaise ne prend jamais vraiment.

La première moitié m’a assez plut, j’ai aimé me plonger dans les histoires du djinn, que ce soit au royaume de la reine de Saba ou à l’époque du royaume ottoman en Turquie au temps des sultans, bien qu’au bout d’un moment les choses deviennent un peu répétitives. Les décors, les costumes, le souci du détails avec ces très nombreux objets, les mosaïques, les vitraux, les tapis, les tissus…C’est visuellement réussi et beau dans ces reconstitutions historiques.

Je pensais vraiment que l’histoire allait quelque part, qu’il y aurait une chute, une révélation, une surprise, un rebondissement dans le scénario, mais en fait rien. A la moitié du film les choses changent, voilà que Alithéa, qui ne pensait rien vouloir, se découvre un désir, un souhait, celui d’aimer et d’être aimée et pourquoi pas par le djinn lui même. Alithéa c’est une femme solitaire, sans famille, peu d’amis. On découvre qu’elle a été mariée mais que ça n’a pas marché et que sa vie telle qu’elle est lui convient très bien. Et voilà que d’un coup, sortie de nulle part, elle décide qu’elle aussi veut découvrir l’amour passionnel et pourquoi pas avec son nouvel ami le djinn qu’elle ne connait que depuis 10 minutes. Et ça je n’ai pas compris. Le véritable sens de la vie c’est l’amour, on se serait cru dans un disney des années 90, on s’attend presque à voir Ariel la petite sirène ou Belle se mettre à chanter une chanson mièvre. Le message reste naïf, facile, presque enfantin, j’ai même failli me lever et quitter la salle mais j’espérais quand même un revirement vers la fin, quelque chose qui donne sens, sans jamais le voir arriver et c’est dommage.

La 2e moitié du film n’est pas mieux, le djinn accompagne Alithéa qui repart en Angleterre pour vivre leur nouvelle histoire d’amour (enfin histoire d’amour si on veut…) mais malheur, l’électromagnétisme de Londres (les antennes relais, la 5G etc etc) perturbe les « chakras » du djinn qui se sent se déliter dans ce pays. J’ai soufflé tout l’air de mes poumons et mes yeux ont roulé dans leurs orbites. Parce que à Istanbul, il n’y a pas de technologie, d’antennes relais ou de 5G bien sur…et d’un coup à l’aide de deux mini séquences, on nous explique que les djinns sont fait d’électromagnétisme….Honnêtement plus les jours passent et plus je trouve des défauts à ce film étrange qui ne charme jamais. On ne s’attache absolument pas aux personnages qui sont bourrés de clichés et l’histoire est absurde. L’impression que George Miller a fumé la moquette avant de tourner son film. Je suis sortie du cinéma déçue.

Dernières séances: Vesper chronicles – Bullet train

de Krystina Buozite et Bruno Samper

Raffiela Chapman, Eddie Marsan, Rosie McEwen

4/5

Dans un futur lointain, la Terre est ravagée par les trop nombreuses manipulations génétiques faites par l’homme pour modifier l’adn des organismes vivants. Les végétaux et les animaux sont pratiquement tous éteints. Une petite partie très privilégiée de la population s’est retranchée dans des cités protégées appelées citadelles où nourritures, technologie et confort sont de rigueur, tandis que les humains vivants en dehors de ces citadelles sont livrés à eux même, à la violence des autres et à l’absence de nourriture. Ayant besoin de sang jeune à des fins d’expériences et de test, les citadelles échangent volontiers avec les humains restés sur terre, des graines contre des poches de sang, graines qui leur permettent de faire pousser légumes et fruits, mais pour s’assurer la collaboration des laissés pour compte, les graines procurées sont génétiquement modifiées pour qu’elles ne germent qu’une fois et ne permettent pas de nouvelle récolte. Vesper habite avec son père dont le corps est maintenue en vie par des machines, tandis que son esprit, toujours vif, accompagne sa fille partout grâce à un robot ambulant. La plus grande menace est de trouver de quoi manger mais il y a aussi son oncle, une sorte de despote qui mène à la baguette ces ouailles. Il aimerait beaucoup que Vesper qui commence à devenir grande, rejoigne la protection de sa ferme, mais en échange de sa protection et de nourriture, le prix à payer est trop grand. Tout change quand une capsule venant de la citadelle s’écrase. Vesper tombe alors sur Camelia, une jeune femme venant de la citadelle. Elle espère qu’en l’aidant, Camélia pourra lui permettre d’aller vivre dans la citadelle avec son père.

J’étais intriguée par ce film et en même temps je ne savais pas trop à quoi m’attendre n’ayant pas vu de bande annonce et ne connaissant quasi rien de l’histoire. Au final ce fut une bonne surprise. Le visuel du film est vraiment original, ici on sent qu’on n’est pas dans un futur proche mais dans un futur assez lointain voir très lointain. La technologie utilisée même par la population laissée pour compte, est très avancée.

L’histoire de départ n’est pourtant pas très originale. Une catastrophe mondiale déclenchée par une trop grand manipulation génétique et une trop grande envie d’aller toujours trop loin jusqu’à l’autodestruction, a engendrée une terre stérile où faune et flore sont quasiment inexistants. Comme d’habitude l’humanité s’est alors divisée en deux catégories, une minorité qui représente l’élite, vivant dans des cités protégées et inaccessibles aux autres, vivant dans le luxe et le confort, tandis que la majorité restante survit tant bien que mal, entre victimes et despotes qui profitent d’un système brisé pour s’octroyer le peu d’avantages existants.

C’est surtout donc le visuel qui frappe dans le film. Les décors, le quotidien, la vie difficile et morne, les nouvelles formes de vies qui ont su s’adapter au nouvel ordre mondial. Vesper est une héroïne intéressante. Tous ses efforts, et tous les risques qu’elle prend ont pour but d’aider son père, dont le corps, quasiment mort, est maintenue en vie par une machine complexe, tandis que son esprit est toujours aussi vif. La technologie utilisée dans le film par Vesper et les autres laissés pour compte, mixe le savoir et l’organique et donne un visuel qui n’est pas sans rappeler un peu le dernier Cronenberg ‘les crimes du futur’.

Il y a aussi un coté conte pour enfant dans Vesper chronicles avec Vesper bien sur mais aussi la maison au fond des bois dans laquelle elle habite ou encore avec le personnage de Camélia qui, avec ces cheveux presque blancs, son regard elfique et sa peau translucide, ressemble à un être magique, une bonne fée, venue pour aider une héroïne qui mérite une autre destinée que de rejoindre la ferme de son oncle pour engendrer la nouvelle génération de gosses (on ne veut pas savoir comment d’ailleurs), oncle qui ressemble à un ogre de conte de fée d’ailleurs, impeccablement joué par Eddie Marsan, qui pour rien au monde, quitte à tout perdre, ne renoncerait à son pouvoir malsain, dans ce monde perdue.

Bref un film de SF intéressant, qui parle d’écologie, de technologie, de juste équilibre, de despotes, de profiteurs de misère, d’espoir. Un visuel originale, une atmosphère de conte, interprété par d’excellents acteurs. A voir.

Brad Pitt, Bryan Tyree Henry, Aaron Taylor Johnson, Hiroyuki Sanada, Sandra Bullock

de David Leitch

3/5

A Tokyo, Coccinelle, un tueur à gage en pleine crise existentielle, monte à bord du shinkansen pour Kyoto pour une mission imprévue. En effet sa référente, la mystérieuse Maria Beetle, lui demande de remplacer à la dernière seconde un collègue malade. La mission est simple, récupérée une mallette et descendre à la prochaine station. Mais coccinelle n’est pas seul dans le train, les tueurs à gage Mandarine et Citron sont chargés de ramener à bon port le fils d’un des plus grand parrain de la mafia russe qui œuvre au Japon « la mort blanche » ainsi qu’une mallette remplie de fric. Il y a aussi une jeune femme aux allures d’ado qui fait chanter un japonais dans le but d’assassiner la mort blanche, frelon et le loup, deux autres tueurs à gages qui se retrouvent dans le train. Et très vite les cadavres s’amoncellent.

Je m’attendais à un film barré et j’ai eu un film barré, mais un peu trop peut être. Le début est un peu chaotique, avec tous ses personnages qu’on doit apprendre à connaitre, toutes ces situations, tous ces flashback pour comprendre les implications des uns avec les autres. C’est un peu bavard, un peu brouillon.

Je pensais rire plus aussi, le film n’est pas aussi drôle que je pensais même si plusieurs scènes sont très drôles. J’ai surtout accroché au personnage de Coccinelle interprété par Brad Pitt, qui passe son temps à mentionner les leçons de vie apprises chez son psy lors des conversations qu’il a continuellement avec son commanditaire au téléphone, Mme Beetle. J’ai aussi beaucoup aimé le duo Mandarine et Citron (Tangerine et Lemon) qui sont très drôles.

L’histoire et la façon de raconter, avec les flashbacks et les liens qui relient au finale tous ses personnages qui ne semblaient pas avoir grand chose en commun au départ, rappelle un peu le style de Tarantino, Reservoir dogs et Pulp fiction en particulier, mais si le résultat n’est pas désagréable ce n’est pas non plus une totale réussite, n’est pas Tarentino qui veut. Bien sur il faut prendre le film au second degré, rien n’est crédible, (les cadavres qui se multiplies à la barbe et au nez du contrôleur, les autres voyageurs qui disparaissent pour ne laisser que les personnages du film; la gare de Kyoto remplie de yakuzas prêts à en découdre, un trajet Tokyo-Kyoto qui dure des heures…) ni réaliste, et si on ne prend pas le film au sérieux on peut passer un bon moment. Personnellement, c’est assez rare pour le mentionner, mais j’ai préféré la seconde moitié du film qui vire dans l’absurde complet.

Dernières séances: La nuit du 12 – L’année du requin – Nope

de Dominik Moll

Bouli Lanners, Bastien Bouillon, Annouck Grimberg

4/5

Dans un petit village près de Grenoble, une jeune femme de 21 ans, Clara, est retrouvée morte, assassinée brûlée vive en pleine nuit. La PJ de Grenoble est dépêchée sur les lieux. Les suspects s’accumulent mais aucune preuve ne permet de conclure quoique ce soit. Alors que les inspecteurs ne peuvent se sortir de la tête cette mort brutale et absurde, l’enquête piétine…

La bande annonce m’avait beaucoup plut et j’aime beaucoup Bouli Lanners. Le film est prenant dès la première minute, on suit la jeune Clara, on assiste à son horrible mort qui semble absurde, et bien sur on suit l’enquête des inspecteurs de la PJ, de la découverte du corps aux interrogatoires en passant par l’annonce de la triste nouvelle à la famille, l’autopsie, la vérification des alibis, des mobiles, la découverte de la vie privée de la victime.

Dominik Moll nous présente un film noir bien mené, qui ne dérive jamais dans l’excès ou le spectaculaire, le tout servi par un casting parfait, Bouli Lanners en policier fatigué, Bastien Bouillon en responsable de l’enquête, excellent, et Anouck Grimberg parfaite dans le rôle de la juge d’instruction. L’intrigue, l’enquête, les moyens de la police, la psychologie des personnages, la lenteur de l’enquête, la gestion de l’horreur par les enquêteurs, tout est sobre et surtout réaliste et sans fioriture, on est loin des films policiers à l’américaine et c’est appréciable. A travers l’enquête policière le film parle de violence faite aux femmes, des préjugés les concernant, du jugement constant et de cette image archaïque qui perdure quelque soit l’époque. Un film à voir.

de Ludovic et Zoran Boukherma

Marina Fois, Kad Merad, Jean Pascal Zadi

3,5/5

Dans un petit village côtier des Landes, la maréchal des logis chef Maja ne supporte pas trop l’idée de devoir prendre sa retraite de son poste à la gendarmerie. En effet ayant comptabilisé tout les semestres d’activité, la gendarme n’a pas le choix de se retirer de la gendarmerie malgré qu’elle n’ait que 49 ans. Son mari lui n’attend que ça, avoir son épouse enfin que pour lui toute la journée. Mais Maja négocie une prolongation d’une semaine lorsqu’un requin tueur se met à attaquer les vacanciers. Elle met un point d’honneur de régler cette affaire avant de quitter définitivement son poste.

Dès les premières secondes, on sent qu’il s’agit d’une comédie un peu barrée. La voix off un peu étrange qui nous raconte l’histoire du requin tueur, le personnage de Maja, gendarme un peu trop dévouée et obsédée par son travail…la première moitié du film est d’ailleurs très réussie, j’ai beaucoup aimé l’humour subtile, on ne s’ennuie pas en suivant Marina Fois dans sa chasse au requin. Bien sur les références au film Les dents de la mer sont nombreuses, une ville côtière tranquille en pleine saison touristique, une figure d’autorité qui doit prendre la lourde responsabilité d’interdire la baignade aux vacanciers, convaincre de la présence du requin tueur dans les eaux, la pression des notables et des élus qui souhaitent que l’activité puisse reprendre rapidement…

Mais passé la première moitié du film, le ton change complètement, on tombe dans le dramatique et l’ambiance devient plus sombre. J’ai eu du mal à comprendre ce changement d’atmosphère et j’ai trouvé ça un peu dommage, j’aurais préféré que ça reste un film à l’humour décalé, un hommage comique aux dents de la mer. Mais j’ai tout de même trouvé le film original, intéressant et prenant et le casting n’est pas sans intérêt. Marina Fois est toujours excellente, j’ai bien aimé Kad Merad dans le rôle de ce mari un peu trop dévoué et Jean Pascal Zadi et Christine Gautier occupent des rôles secondaires intéressants. Même si le mélange des genres n’est pas très réussi et donne plus l’impression que les réalisateurs ne savent pas ce qu’ils veulent, on passe quand même un bon moment de cinéma et l’année du requin a l’avantage d’avoir un ton décalé et original.

de Jordan Peele

Daniel Kaluuya, Keke Palmer, Steven Yeun, Brandon Perea, Micheal Wincott

4/5

OJ et Emerald Haywood sont frères et sœurs et s’occupent d’un ranch de chevaux dans une vallée déserte de Californie. Depuis la mort brutale et étrange de leur père, ils ont hérité de l’affaire familiale, qui consiste à louer des chevaux à des studios hollywoodiens pour pub, cinéma et télévision. Mais depuis quelques temps des phénomènes étranges se multiplient dans leur région. Persuadé de la présence d’un extraterrestre, le frère et la sœur, aidé d’un technicien, décident d’installer des caméras de surveillance dans l’espoir de vendre la preuve d’un ovni et d’obtenir gloire et célébrité.

Comme tout le monde, j’ai découvert le cinéma de Jordan Peele avec son film Get out que j’avais trouvé excellent, un film comme on en fait plus beaucoup de nos jours. Par contre, si cinématographiquement j’avais trouvé Us, son 2e film, intéressant, j’avais pas trop adhéré l’histoire n’étant pas aboutie.

J’ai lu pas mal de critiques indiquant que ce nouvel opus, Nope, était le meilleur film de Peele. Je ne suis pas d’accord, pour ma part Get out reste son meilleur, mais Nope n’est pas loin derrière. OJ a toujours vécu dans le ranch de son père, qui en a fait une affaire montante dans l’univers de Hollywood. Mais avec son père disparut, OJ a du mal à émerger, à se remettre de la disparition de son père et tout simplement a du mal à prendre la relève. Il a toujours vécut dans l’ombre de son père et manque d’assurance, ce qui n’est pas le cas de sa petite sœur Em, qui elle n’a jamais été poussée vers l’avant par son père, qui a toujours privilégié son fils aîné dans le business du cheval. Et pourtant Em a toute l’assurance que son frère n’a pas forcément devant les clients. Elle sait vendre son image, mais à part ça, elle n’a pas les connaissances ou le sens du travail de son frère.

Derrière le côté SF du film, avec la présence d’un ovni prédateur, le film parle de courage, de ténacité, de volonté, de détermination qu’il faut avoir dans la vie pour s’en sortir. Les épreuves vont révéler le courage d’OJ, il va enfin pouvoir mettre à profit ses qualités. Nope c’est aussi un hommage au film de cow boy avec OJ qui se bat à dos de cheval.

Nope c’est aussi une critique de la société des médias, la loi du buzz, l’envie d’obtenir l’attention du public et l’argent qui va avec en très peu de temps et avec un minimum d’effort. OJ et Em, en découvrant la présence d’un extraterrestre qui se comporte comme un animal prédateur qui marque son territoire et s’en prend à tous ce qui est vivant, n’ont qu’un seul réflexe: comment tirer profit de cette découverte et comment avoir ce qu’il faut pour pouvoir passer chez Oprah, le graal de tous les graals. Ou encore le fanatique de la caméra à la recherche du dernier scoop pour TMZ et qui même en se rendant compte du danger et de la menace qui pèse sur sa vie, ne pense qu’à une chose, filmer pour obtenir une preuve exploitable dans les médias.

Le film est donc très riche. Riche sur le plan des sujets abordés, riche visuellement, riche concernant la mise en scène. Jordan Peele a l’audace de nous présenter son ovni, il a pris le temps de créer un ovni, de ne pas le cacher ou de céder à la facilité de s’en remettre à l’imagination des spectateurs, j’ai trouvé ça courageux et bien réalisé.

Il y aurait beaucoup à dire sur Nope. Un film bien rythmé, une histoire bien menée, des personnages intéressants qu’on a envie de connaître et comprendre, un suspense bien tenu. Le film ne fait absolument pas peur, il faut le savoir, j’ai plus frissonné sur les deux premiers films de Peele. Ici c’est plus le suspense et la surprise, le film distille les petites révélations. Quelques touches d’humour bienvenu comme le réalisateur le fait souvent, et de très bons acteurs en particulier Kaluuya.

Dernière séance: Decision to leave

de Park Chan Wook

Park Hae Il, Tang Wei

4/5

En Corée, Hae Joon est capitaine de police. Alors qu’il recherche un homme coupable de meurtre depuis plus d’un an, il doit avec son adjoint enquêter sur une mort suspecte, celle d’un homme à la retraite qui serait tomber accidentellement d’une montagne en faisant de l’escalade. Il rencontre alors sa jeune épouse qui ne semble pas émue par la mort de son mari.

De Park Chan Wook j’ai vu déjà de nombreux films, Lady Vengeance, Sympathy for Mr vengeance, Je suis un cyborg, Stoker, Mademoiselle et puis mon préféré Old boy. Decision to leave tourne d’abord autour du capitaine de police Hae Joon: carrière brillante, respecté, il est marié à une femme qu’il aime, mais ne vivent ensemble que certains week end du fait que leur fils est en internat et que chacun mène sa carrière dans des villes différentes. Quand il se voit confier l’enquête sur la mort de l’alpiniste amateur, il est déjà absorbé par une chasse à l’homme qui l’accapare un peu. Il aurait sûrement conclu à une mort accidentelle rapidement s’il n’avait pas développé une obsession pour l’épouse du défunt, Seo Rae.

J’ai beaucoup aimé Decision to leave. Visuellement c’est très beau, c’est parfaitement mis en scène, quelques originalités, une manière originale de filmer le ressenti de Hae Joon et de Seo Rae. D’ailleurs le film a reçu le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes. La scène finale sur la plage est juste magnifique. Les acteurs sont tous très bons et incarnent des personnages complexes et intéressants, j’ai aimé les découvrir et les connaître petit à petit.

Entre enquête policière, histoire d’amour platonique, Decision to leave manque parfois d’un peu de cohérence notamment dans la motivation de certains personnages. J’ai aimé les touches d’humour en générale apportés par les deux adjoints successifs de Hae Joon. Un beau film, de belles scènes et de belles images.

Dernière séance: Irréductible

de Jérôme Commandeur

Jerôme Commandeur, Laetita Dosch, Pascale Arbillot, Gérard Darmon, Christian Clavier, Nicole Calfan

3.5/5

Depuis tout petit, le rêve de Vincent Peltier est de devenir fonctionnaire, après avoir passer une journée au bureau de son père à la préfecture. Aujourd’hui, Vincent vit son rêve tous les jours. A Limoges, Vincent habite en face de son bureau,, son boulot est facile et routinier, ses horaires flexibles, les réunions de bureau se passent au bar du coin, tous les monde le connait et il connait tous le monde. Sa mère est au petit soin, et sa fiancée facile à vivre. Mais un jour le ministre de l’économie annonce une réforme de licenciements dans la fonction publique et Vincent qui n’est ni handicapé ni père de famille, n’y échappe pas: son poste est supprimé. Au ministère à Paris Isabelle Baillencourt est chargée d’accompagner les départs volontaires, en remettant des chèques de départ. Mais Vincent joue les irréductibles, hors de question de renoncer au statut de fonctionnaire. Conseillé par un syndicaliste chevronné, il accepte la mutation plutôt que la démission. Vincent est donc muté dans des coins paumé à faire des tâches ingrates, mais ne craque pas. Baillencourt décide donc de le muter au Groenland…

J’y suis allée sans conviction, j’aime bien Commandeur, alors pourquoi pas et finalement, ce fut une très bonne surprise. Bien sur le film use des clichés concernant le fonctionnaire ou les syndicalistes mais ça reste drôle. Vincent est énervant et en même tellement sympathique et attachant. A Limoge il mène une vie pantouflard, il habite en face de son bureau mais n’arrive pas tôt et fait badger à la pointeuse son ami de l’accueil. Son boulot il le connait par cœur, c’est une routine qu’il apprécie, il sait tous de son domaine et reste dans sa zone de confort. Sa copine, il ne l’aime pas mais à le mérite d’être là. Sa mère est au petit soin.

J’ai adoré le voir tenir tête à Baillencourt, leurs discussions et bataille verbale sont drôle, les réparties sont bien écrites, les deux s’entêtent à ne pas vouloir lâcher. Les acteurs sont tous bons, que ce soit Arbillot dans le rôle de cette carriériste qui tente de faire craquer un simple fonctionnaire ou Dosch dans celui de la jolie scientifique qui a adopté le style de vie suédoise et que rencontre Vincent lors de sa mission au Groenland. Sans parler de Commandeur, ce fonctionnaire endormi qui aime sa vie mais qui ne lâche rien, magouilleur dans l’âme. Et puis de nombreux guest apparaissent tout le long du film dans des petits rôles, Valerie Lemercier, Malik Bentalla ou encore Christian Clavier loin de ses rôles habituels de bourgeois.

Irréductible, c’est drôle, court, rythmé, on ne s’ennuie pas une seconde, on passe un très bon moment, on a envie de voir où Vincent va terminer au fil de ses nombreuses mutations, on ri souvent durant le film et bonus, on voyage un peu partout.

Dernière séance: Les crimes du futur de David Cronenberg

de David Cronenberg

Viggo Mortensen, Lea Seydoux, Kristin Stewart, Scott Speedman, Tanaya Beatty, Nadia Litz

3,5/5

Dans un futur indéterminé, une partie de l’humanité est confrontée à de nombreuses mutations et transformations étranges. Certaines personnes développent des changements organiques, de nouveaux organes indépendants apparaissent, rendant certaines modalités comme dormir ou manger, difficiles, nécessitant certaines machines perfectionnées. Saul fait partie de ces personnes qui se réveillent avec certains nouveaux organes. Pouvant être dangereux pour sa santé, il est obligé de les faire retirer comme des tumeurs. C’est Caprice, sa partenaire et ancienne chirurgienne, qui s’en occupe. Artiste performeur, Saul met en scène les extractions chirurgicales devant un public, élevant cette pratique au rang d’art avant gardiste. Il intéresse énormément Wippet et Timlin, les fondateurs d’un nouveau service, le bureau du registre des nouveaux organes qui tentent de répertorier et enregistrer les nouveaux organes. Il est également abordé par un certain Lang Dotrice, qui souhaite par l’intermédiaire de Saul, mettre en lumière une évolution en partie créée par la main de l’homme et en partie par la nature, une évolution des organes digestives permettant à l’Homme de manger et digérer le plastique.

De Cronenberg, je suis loin d’avoir tous vu, mais j’ai beaucoup aimé Dead Zone, Existenz, les promesses de l’ombre, A history of violence. Que penser de ce film, en compétition à Cannes cette année? Je m’attendais à un film bizarre, à l’atmosphère étrange et c’est exactement ce que j’ai vu.

Ce futur ne semble pas jolie à voir, tout y es assez glauque. A l’instar des organes internes d’une partie de la population qui voit leur corps s’écrouler et se transformer pas dans le bon sens du terme (ici les mutations ne donnent pas naissance à des pouvoirs cools), la ville dans laquelle les personnages évolue semble s’écrouler aussi: des immeubles délabrés, des peintures qui s’écaillent, des appartements qui ressemblent à des squats abandonnés, des murs recouvert de graffitis qui semblent d’une autre époque.

Cronenberg nous montre une humanité qui vit avec ces nouvelles mutations. Certaines personnes doivent pour manger et digérer ou pour dormir, se munir de machines sophistiquées qui permettent de remplacer et compenser certaines fonctions du corps. D’autre ne ressentent plus aucune douleur physique et pratiquent des mutilations au couteau comme si de rien. Les mutations semblent emmener les humains vers de nouvelles fonctionnalités qui ne sont pas encore connues.

On retrouve le visuel de Cronenberg, notamment dans ces films des années 80. Les machines ressembles à des choses organiques faites de tendons et de chairs, on a droit à des scènes un peu gore de chirurgies, des autopsies, des corps qui s’ouvrent, qui exposent les chaires et les organes, le sang qui coulent. Passer les premières scènes, je pensais que ça me donnerait un peu la nausée mais finalement non, car ces scènes me semblent tellement exagérées et me semblent visuellement « vintage » ou d’une autre époque, que j’ai l’impression de voir un film de SF des années 80. Même la musique ajoute cette dimension nostalgique.

Le film soulève des questions comme l’environnement, la planète malade rendant malade les humains qui y vivent et qui sont la cause de leur propre mal. Il y a aussi des questionnements autour de l’art, des « performeurs », leurs légitimités et la question de qu’est ce que l’art finalement.

Viggo Mortensen retrouve pour la 4e fois si je ne me trompe pas, David Cronenberg pour incarner cet artiste étrange, ambigu et en plein doute sur beaucoup de chose. Comme d’habitude Mortensen est excellent dans son rôle. J’avais entendu des critiques très positives concernant Kristen Stewart, personnellement je n’ai jamais adhérer à son jeu d’actrice et ce film ne fait pas exception. Moi qui ne suis pas une fan de Léa Seydoux, j’ai trouvé qu’elle s’en sortait un peu mieux que Stewart.

Reste un film étrange, un peu bizarre. On ne s’ennuie pas et c’est appréciable de voir un film qui ne prend pas le temps de nous raconter un peu grossièrement le contexte de cette société du futur, on découvre petit à petit ce monde et ces particularités, par petite touche, tout le long du film.