La couronne verte

de Laura Kasischke

4/5

Terry, Anne et Michelle sont trois jeunes femmes de 18 ans, bientôt diplômées. Trois jeunes femmes qui n’ont jamais rien vécut d’autre qu’une vie simple de lycéenne américaine. Pour fêter la fin du lycée, elles décident de partir ensemble pour le célèbre spring break, ces vacances de printemps durant lesquelles les étudiants se défoulent avant de reprendre le chemin des examens. Elles décident alors de partir pour le Mexique, à Cancun, la plage, les garçons, les cocktails au bord de la piscine. A leur arrivée, elles sont subjuguées par le bleu du ciel, le bleu de la mer, la puissance du soleil, elles qui n’ont jamais quitter les États Unis. Cancun ressemble au paradis, mais les choses vont vite tourner mal…

Après avoir vu White bird, le film tiré d’un des romans de Kasische, j’avais envie de lire le roman, histoire de voir les différences, mais je suis tombée sur celui ci, qui m’a donné envie, surtout parce qu’il se passait sur la péninsule du Yucatan au Mexique, près des ruines de Chichen Itza, et que c’est l’un des endroits qui me fait rêver.

En lisant le résumé et en lisant les premières pages, on devine facilement qu’il va arriver des choses bien sombres à ses trois filles. En réalité, arrivée à la moitié du roman, j’étais énervée, j’étais aussi abasourdi par le comportement idiot de ces trois filles (ou plutôt deux filles, puisque le récit se concentre sur deux d’entre elles en réalité). Je n’avais pas envie de continuer à lire leurs mésaventures, je savais pertinemment ce qui allait arriver. Mais la curiosité à repris le dessus et les émotions se sont enchainés au fil des chapitres courts mais intenses et directs, colère, incompréhension, énervement, émerveillement, surprise totale….

J’ai beaucoup aimé les pages qui décrivent leur rencontre avec le mystérieux Ander, cet homme de cinquante ans, qui se propose d’emmener Michelle et Anne visiter le chichen Itza, la manière dont Michelle le voit, elle le choisit comme père de substitution, elle se laisse guider par ses connaissances dans l’histoire des ruines.

J’ai été absorbé par les descriptions des ruines, par le ressenti de Michelle, qui se laisse emporter par la magie des lieux, par le soleil pesant, par le bleu du ciel écrasant, par la jungle verte émeraude qui entoure les lieux. On vit avec elle son rêve éveillé.

J’ai été plus qu’agacé par les réactions des filles, surtout celles d’Anne. Comment deux filles de 18 ans, qui vivent au 21e siècle, aux États Unis, qui connaissent bien le phénomène et les dangers du spring break, peuvent elles agir aussi bêtement, de manière aussi inconséquente? Le roman nous parle du danger d’être une femme, des risques que cela comporte, des menaces qui planent sur elles, des précautions qu’elles doivent prendre constamment. Si Michelle et Anne acceptent la proposition d’Ander de les emmener visiter les ruines, un parfait inconnu, c’est en partie parce qu’elles en ont marre de ne rien vivre, de ne vivre aucune aventure, d’être constamment sur leur garde. C’est fatiguant d’être toujours sur le qui vive, de ne pas se laisser porter par le moment sans réfléchir aux dangers possibles. Mais de là à faire les choses insensées qu’elles font, c’est quand même grave, à se demander si elles n’ont pas laissé leurs cerveaux chez leurs parents. Monter dans la voiture de quatre jeunes adultes qu’elles ne connaissent absolument pas, qui n’ont pas un comportement des plus sympathiques, dans un pays étranger, au milieu de nulle part c’est déjà absurde, mais remonter avec eux après avoir assisté à une « fête » qui se situe entre orgie et viol collectif, c’est complètement débile, d’autant que les solutions pour retourner à leur hôtel ne manquaient pas.

J’ai été complètement surprise par la fin et aussi bouleversé par les dernières pages, je ne m’y attendais pas!

Une lecture rapide, un roman court, les pages tournent toutes seules, des filles auxquelles on s’attache petit à petit, pour qui on a peur. L’auteur sait instauré un faux suspens, on sait très bien qu’il va se passer quelque chose d’horrible, mais on ressent cette angoisse permanente, ce stress, on ressent ce coté sombre, quand le piège se referme, et c’est bien écrit. Ce qui aurait pu être une histoire devenue banale, qui aurait pu servir de base à l’un des nombreux téléfilms de TF1 ou de M6, prend une ampleur tout autre par l’écriture de l’auteur et par sa façon de raconter et de conclure l’histoire.