de Clint Eastwood
Bradley Cooper, Sienna Miller,
3/5
Chris Kyle est un champion de rodéo qui se lasse de la vie de cowboy. Après les attentats contre l’ambassade américaine en Afrique, il décide de s’engager dans l’armée et commence sa formation au sein des navy seals. Il rencontre Taya dans un bar et se marie quelques mois plus tard. Il sera envoyé ensuite en Irak, après le 11 septembre, en tant que sniper d’élite, et sera très vite surnomée the legend par ses camarades.
j’aime beaucoup le cinéma de Clint Eastwood même si tous ses films ne m’ont pas tous plut. J’essaye de voir toutes ses réalisations, et comme j’avais déjà fait l’impasse sur Jersey boys, j’ai fait un effort pour ne pas rater American sniper même si le sujet du film ne me tentait pas trop.
La question que se pose beaucoup de gens est celle du patriotisme exacerbé. Dans American sniper, on ne parle quasiment pas du contexte politique, des raisons controversées des américains envahissant l’Irak, de la décision de Bush d’envoyer des troupes, des faux prétextes, d’une guerre qui n’a servit à rien qu’à faire des horreurs. Ici on garde surtout le point de vue de Kyle, doué durant sa formation dans les seals, excité quand il reçoit son ordre de mission pour l’Irak, motivé, efficace, il passe la guerre sur les toits des maisons et immeubles accompagné d’un marine qui garde ses arrières pour qu’il puisse se concentrer sur des cibles dans les rues, ayant pour ordre de tirer tout irakien, homme, femme, enfant, qui tiendrait une arme. Il tire sans état d’âme, du haut de son toit, au travers de son viseur, comme dans un jeu vidéo, sans remord ni traumatisme.
Comme souvent avec Eastwood, c’est super bien réalisé, il sait manier sa caméra, rien à redire, et Bradley Cooper est impeccable dans le rôle de ce marine qui manque de recule et de jugement, qui ne pense qu’à tirer comme des lapins, du haut des toits, tous ceux qu’il juge être une menace pour ses camarades.
On sent que Clint Eastwood est partagé entre son amour pour son pays et son patriotisme, et la réalité des faits concernant la guerre en Irak. Il atténue le coté patriotique de son film avec des regards négatifs sur cette guerre, apportés par d’autres personnages que Kyle. Son jeune frère qui rentre d’une mission en Irak traumatisé et dégouté constitue l’un de ses regards, mais sa portée est affaiblie par le fait qu’il est présenté dans le film comme un être fragile et moins dure que Kyle, qui incarne le vrai cowboy à l’américaine. Il y a aussi les camarades seals de Kyle qui émettent, pour certains, des réserves quant au but de cette guerre, mais ça reste très subtil. Ou encore la réaction de Kyle face à un jeune marine qu’il croise lors de ces permissions chez lui et qui le salue comme un héros, Kyle est un peu mal à l’aise et ne répond quasi rien, mais là encore c’est très subtil…
Ici on ne parle à aucun moment des dérapages de Chris Kyle dans la vraie vie, sur les centaines d’irakiens qu’il a abattu, incluant femmes et enfants, sur les déclarations de Kyle et ses regrets de ne pas en avoir tué plus. Clint Eastwood nous sert l’image du héros américain, du soldat parfait qui se cache derrière ses talents de sniper, un père et un mari aimant, qui a des passes de dépression post traumatique à son retour de sa dernière mission mais qui arrive à les surmonter, le tout conclut par des images documentaires filmés lors des hommages de la population texane pour Chris Kyle, une parade saluant un héros sans tâche, ce qui montre là encore le parti pris d’Eastwood, ce qui peut être un peu dérangeant…