3,5/5
Les béliers
de Grimur Hakonarson
Sigurour Sigurjonsson, Theodor Juliusson
Dans un coin paumé d’Islande, deux frères vieillissants qui se partagent la terre familiale ne se parle plus depuis plusieurs décennies. Leur seule occupation est l’élevage de moutons et béliers, issu d’une longue génération d’une même race. Après que son frère ait gagné le concours du plus beau bélier, Gummi découvre que le troupeau de son frère est contaminé par la tremblante. Après l’intervention des services vétérinaires, la décision est prise d’abattre tous les moutons de la vallée. Kiddi refuse et la police doit intervenir, tandis que Gummi, la mort dans l’âme, abat tous ses moutons lui même, sauf une bonne dizaine qu’il décide de cacher sans rien dire à personne, dans la cave de sa maison.
Une vallée enneigée, quelques maisons, deux frères ennemis qui ne se parlent plus depuis trop longtemps, et des moutons partout. Dans ce coin reculé, la vie des gens du village tourne uniquement autour de l’élevage des moutons, alors quand la tremblotte emporte tout les cheptels, la question se pose de savoir qui va rester, et qui va partir, et si le village va survivre. J’ai beaucoup aimé la relation entre les deux frères. Ils habitent l’un en face de l’autre, se ressemble comme deux gouttes d’eau, n’ont pas échangé la moindre parole depuis des décennies et communiquent uniquement par message écrit transportés par le chien.
L’humour est souvent absurde, on s’attache à ces deux frères hirsutes, qui se baladent dans des vêtements déchirés, pas très sociables, qui ne pensent qu’à leurs moutons, et à ne surtout pas se croiser. Sans parler que leur attachement à leurs moutons reste touchant. Une fin quelque peu étrange tout de même!
Au delà des montagnes
4/5
de Jia zhangke
Zhao Tao, Zhang Yi, Jing Dong Liang
1999. Tao est une jeune femme qui vit avec son père dans une petite ville reculée du centre de la Chine. Elle est courtisée par deux amis d’enfance, Liangzi et Jinsheng. Lorsqu’ils se mettent à lui déclarer leurs flammes, elle n’a plus d’autre choix que de se décider. Elle décide d’épouser finalement Jinsheng, qui se lance dans de petites affaires prospères, alors que Liangzi, se sentant rejeté, décide de prendre le large. Quelques années plus tard, en 2014, Liangzi n’a pas eu d’autre choix que de travailler aux fonds des mines de charbon. Il en a gagné un cancer. Lui, sa jeune épouse et leur bébé reviennent dans sa ville d’origine, en espérant pouvoir se faire soigner. De son coté Tao à divorcer et est devenue une riche femme qui gère sa petite entreprise locale, alors que son ex mari, parti faire fortune à Shanghai, ne pense plus qu’à l’argent.
J’aime beaucoup le cinéma de Zia Jiangke, j’avais adoré Still life, le documentaire I wish I knew et plus récemment A touch of sin. On retrouve ici beaucoup de thème déjà vu dans ses précédents films, les mines de charbon, le monde ouvrier, la classe sociale très moyenne, la vie dans les villes reculées du centre du pays. Le film débute en 1999 sur un écran très réduit, on poursuite en 2014 sur un écran plus large, et on finit en 2025 sur un plein écran.
Une véritable fresque, une Chine en pleine évolution, plusieurs génération, Tao jeune, Tao à l’age mure avec son père vieillissant, et une Tao âgée. On suit aussi le fils de Tao, partie avec son père en Australie quand il a eu 7 ans. Le petit garçon devenue grand est complètement déraciné, à la recherche de ses origines, ayant perdu tout souvenir de sa mère biologique.
J’ai adoré suivre la destinée de ces personnages, même si certains sont oubliés en court de route, j’ai adoré voir leurs évolutions au fur et à mesure que le pays se transforme, que les opportunités se présentent. Encore une fois Zia Jiangke frappe juste. Le film parle aussi de l’importance et de la complexité des relations filiales, Tao et son père, Tao et son fils, le fils de Tao et son père, et l’importance de ses origines et de ses racines. Encore un beau film de Jia Zhangke.
The big short
de Adam McKay
Steve Carell, Ryan Gosling, Christian Bale, Brad Pitt
4/5
En 2005, deux ans avant la crise des subprimes, plusieurs personnes visionnaires devinent la crise à venir et l’éclatement de la bulle financière. Le premier à s’en rendre compte, c’est le docteur Michael Burry, une sorte de génie des chiffres, qui découvrent la crise éminente grâce à sa fine analyse des chiffres. Il décide alors de miser contre les banques, en passant contrat avec elles. Si la crise éclate comme il le prédit, les banques feront faillites et lui deviendra milliardaire. Dans son sillage, Jarrett Vennet, trader à wall street, relève quelques indices et essaye lui aussi de sortir son épingle du jeu. Pareil pour deux jeunes traders amateurs qui tentent de jouer dans la cour des grands et qui trouveront de l’aide auprès de Ben Rickert, un ancien célèbre financier qui a pris sa retraite, ou encore pour Mark Baum, à la tête de son entreprise de trading. Tous vont se rendre compte de la crise imminente et tous vont devoir tenir le coup durant deux ans, en espérant voir cette crise se produire.
Le film, tirée d’une histoire vraie, est assez foutraque aux premiers abords, ça part dans beaucoup de sens au départ, et il faut une bonne moitié du film pour se sentir à l’aise avec qui est qui, qui fait quoi. Mis à part ça, il y a aussi tout un vocabulaire du monde des finances, de la banque et des prêts hypothécaires qui est complexe et spécialisé. Le film est parfois très bavard, très technique, certaines séquences didactiques, tournées de manière comique, tentent de nous expliquer de manière originale certaines méthodes de trader et certains mots de finance.
Ceci dit, le film avance sans perdre le spectateur. De ce coté là, c’est un peu comme dans les épisodes les plus techniques de la série A la maison blanche, on à l’impression que le sujet est complexe, mais les scénaristes et dialoguistes on si bien fait leur travail que sans s’en rendre compte, on découvre que l’on à tout compris, et tout saisi.
Le sujet est traité de manière pop et rock, des images en cascades pour nous montrer la société de 2005, les premiers Iphone, l’apparition de facebook, l’explosion de youtube et j’en passe. C’est aussi traité avec beaucoup d’humour, beaucoup de cynisme, et ça nous rappelle l’absurdité de cette crise des subprimes. On nous y montre des gens modestes, voir pauvres qui, grâce à des prêts avantageux, qui ne demandent ni apport, ni garantie, ni emploi ou source de revenus, se voient obtenir malgré tout des prêts à taux variables, qui permettront à quasi n’importe qui de devenir propriétaire et qui mettra sur la paille les même personnes lorsque la crise surviendra.
L’absurdité de l’économie capitaliste, en particulier l’économie américaine est mis en avant, sans parler de la fraude du système financier, les sociétés censer noter et surveiller les activités financières, qui ferment les yeux sur les mauvais résultats, ou les non sens de certaines pratiques, ou pire qui ne comprennent même plus les différentes méthodes du monde financier, devenu trop complexes, trop abstraites, même pour la plupart des professionnels.
Le film met en scène plusieurs personnages qui ont réellement existé et participé à cette crise. The big short passe vite, c’est entrainant, et servit par une belle brochette d’acteurs, en particulier Steve Carell et Christian Bale. ça fait réfléchir sans ennuyer, et sans trop simplifier les choses ce qui est un exploit vu le sujet complexe.
J’ai aussi beaucoup aimé The big short, et pourtant le sujet du film ne fait pas rêver, mais j’ai eu l’impression de voir un doc sur la crise des subprimes, mais en beaucoup plus intéressant qu’un vrai doc!
oui c’était intéressant! je ne pense pas qu’il chamboulera le classement 2015 ceci dit!